U... comme utopie

 

Utopie

L’utopie, presbytie des vieux peuples. (La tentation d’exister)

L’utopie remplit dans la vie des collectivités la fonction assignée à l’idée de mission dans la vie des peuples. Des visions messianiques ou utopiques, les idéologies sont le sous-produit, et comme l’expression vulgaire. (Histoire et utopie)

 

V... comme vérité

 

Vacances

Si un gouvernement décrétait en plein été que les vacances étaient prolongées indéfiniment et que, sous peine de mort, personne ne devrait quitter le paradis où il séjourne, des suicides en masse s’ensuivraient et des carnages sans précédent. (Aveux et anathèmes)

Vadrouiller

Je vadrouille à travers les jours comme une putain dans un monde sans trottoir. (Syllogismes de l’amertume)

Vérité

Que certains s’acharnent encore à rechercher la vérité, je ne puis que m’en étonner. N’a-t-on donc pas compris qu’elle n’existe pas ? (Sur les cimes du désespoir)

L’essentiel surgit souvent au bout d’une longue conversation. Les grandes vérités se disent sur le pas de la porte. (Aveux et anathèmes)

Nous n’avons le choix qu’entre des vérités irrespirables et des supercheries salutaires. Les vérités qui ne permettent pas de vivre méritent seules le nom de vérités. Supérieures aux exigences du vivant, elles ne condescendent pas à être nos complices. Ce sont des vérités « inhumaines », des vérités de vertige, et que l’on rejette parce que nul ne peut se passer d’appuis déguisés en slogans ou en dieux. (Écartèlement)

Vêtement(s)

Les vêtements ont créé plus d’illusions que les religions. (Le crépuscule des pensées)

Vie

Pour l’animal, la vie est tout ; pour l’homme, elle est un point d’interrogation. Point d’interrogation définitif, car l’homme n’a jamais reçu ni ne recevra jamais de réponse à ses questions. Non seulement la vie n’a aucun sens, mais elle ne peut pas en avoir un. (Sur les cimes du désespoir)

La vie et moi : deux lignes parallèles qui se rencontrent dans la mort. (Le crépuscule des pensées)

La vie ne dévoile son essence qu’à des yeux injectés de sang. (La tentation d’exister)

La vie, loin d’être, comme pensait Bichat, l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort, est plutôt l’ensemble des fonctions qui nous y entraînent. (La tentation d’exister)

La vie se crée dans le délire et se défait dans l’ennui. (Précis de décomposition)

La vie – accès de démence secouant la matière. (Précis de décomposition)

La vie – ce pompiérisme de la matière. (Syllogismes de l’amertume)

La vie inspire plus d’effroi que la mort ; c'est elle qui est le grand inconnu. (Entretiens)

Vieillesse

La vieillesse, en définitive, n’est que la punition d’avoir vécu. (Écartèlement)

Mourir jeune est sans doute un malheur ; mais pire que tout est d’avancer en âge, de connaître la déchéance physique, de grossir le nombre de ces déchets grotesques qu’on ne reconnaît plus qu’à leur nom. (Correspondance)

Vieillir

En vieillissant, on apprend à troquer ses terreurs contre ses ricanements. (Syllogismes de l’amertume)

Vivre

Rien ne saurait justifier le fait de vivre. Peut-on encore, étant allé au bout de soi-même, invoquer des arguments, des causes, des effets ou des considérations morales ? Certes, non : il ne reste alors pour vivre que des raisons dénuées de fondement. (Sur les cimes du désespoir)

Le fait que la vie n’ait aucun sens est une raison de vivre – la seule du reste. (Aveux et anathèmes)

Vivre, c’est perdre du terrain. (De l’inconvénient d’être né)

Plus on vit, moins il semble utile d’avoir vécu. (De l’inconvénient d’être né)

Dire qu’on aurait pu se dispenser de vivre tout ce qu’on a vécu ! (Aveux et anathèmes)

Vogue

Une vogue philosophique s’impose comme une vogue gastronomique : on ne réfute pas plus une idée qu’une sauce. (Syllogismes de l’amertume)

Voir (se)

Si on pouvait se voir avec les yeux d’autrui, on disparaîtrait sur-le-champ. (De l’inconvénient d’être né)

Volonté

La volonté, qui contient un principe suspect et même funeste, se retourne contre ceux qui en abusent. Il n’est pas naturel de vouloir ou, plus exactement, il faudrait vouloir juste assez pour vivre ; dès qu’on veut en deçà ou au-delà, on se détraque et on dégringole tôt ou tard. Si le manque de volonté est une maladie, la volonté elle-même en est une autre, pire encore : c'est d’elle, de ses excès, bien plus que de ses défaillances, que dérivent toutes les infortunes de l’homme. (La chute dans le temps)

Vouloir

Vouloir signifie se maintenir à tout prix dans un état d’exaspération et de fièvre. L’effort est épuisant et il n’est pas dit que l’homme puisse le soutenir toujours. (La chute dans le temps)

Vrai

Comment savoir si on est dans le vrai ? Le critère en est simple : si les autres font le vide autour de vous, point de doute, vous êtes plus près de l’essentiel qu’eux. (Écartèlement)

Quand on rencontre quelqu'un de vrai, la surprise est telle qu’on se demande si on n’est pas victime d’un éblouissement. (Aveux et anathèmes)

Vulgarité

Rien ne trahit davantage le vulgaire que son refus d’être déçu. (Syllogismes de l’amertume)

 

Z... comme zéro

Zéro

Remonter jusqu’au zéro souverain dont procède ce zéro subalterne qui nous constitue. (Aveux et anathèmes)

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