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Gustave Le Bon (1841-1931)

« Le rôle des philosophes est terminé quand ils ont montré aux peuples les dangers qui les menacent. »

 

Célibataire endurci, sans enfants ni collatéraux connus, Le Bon demeure un personnage public relativement mystérieux. Il est né à Nogent-le-Rotrou le 7 mai 1841 dans une famille de la petite bourgeoisie. Après des études secondaires au lycée de Tours, il s'inscrit en 1864 à la Faculté de Médecine de Paris pour y suivre la formation d'officier de santé, devient rapidement le protégé du professeur Piorry, titulaire de la chaire de pathologie. Ce sera lui qui délivrera à Le Bon une attestation lui permettant de porter le titre de Docteur, bien que Le Bon n'ait pas soutenu de thèse. En 1866, paraît son premier ouvrage d'importance, De la Mort apparente et des inhumations prématurées.

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Polygraphe invétéré, Le Bon collabore de 1862 à 1869 à divers périodiques où paraîtront des études traitant de la mortalité infantile, de l'alcoolisme, de la fumée du tabac, le traitement du choléra, des soins à apporter aux asphyxiés, etc. Ces publications lui valent d'être élu membre de la Société de Médecine Pratique (il sera élu vice-président en 1879 et Président en 1880). Sans cesser ses travaux de vulgarisation médicale, Le Bon diversifie le domaine de ses recherches, installe un laboratoire dans son appartement parisien, s'initie à la chimie, la physique et l'optique.

Il ne sera pas l'homme d'une seule spécialité, peut-être le pressent-il déjà. L'encyclopédisme de sa culture, la variété de ses centres d'intérêt, l'abondance de sa production littéraire frapperont ses contemporains et tous ceux qui par la suite se pencheront sur son œuvre. Raymond Queneau ne tarissait pas d'éloges à ce sujet : « Chimiste, physicien, médecin, sociologue, psychologue, philosophe, archéologue, expérimentateur, artiste, voyageur, quel esprit peut-on comparer à Gustave Le Bon ? Il faut aller jusqu'à Leibniz, jusqu'à Léonard de Vinci, pour retrouver une pareille universalité, une pareille génialité. »

À cette liste, l'auteur de Zazie dans le métro aurait pu ajouter : anthropologue, économiste, ethnologue, épistémologiste, géologue, géopoliticien, historien, idéologue, journaliste, moraliste, naturaliste, pédagogue, polémologue, politologue, ainsi qu'aquarelliste, illustrateur et photographe (arts pour lesquels il manifestait un talent certain). Autant de disciplines auxquelles Le Bon se livrera avec une fortune diverse au cours de sa carrière.

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Lors de la guerre de 1870-1871, Le Bon s'engage dans le service sanitaire de l'armée, participe en décembre à la bataille de Champigny. Durant le siège de la capitale, il dirigera plusieurs brigades d'évacuation des blessés, poste qui lui vaudra d'être nommé Chevalier de la Légion d'Honneur. Cette activité lui inspirera un traité : Hygiène pratique du soldat et des blessés.

L'insurrection de la Commune, qui se développa après la levée du siège de Paris par les Prussiens, ancrera en lui une profonde aversion pour toute forme de violence, qu'elle soit civile ou militaire. Les exécutions sommaires, viols, réquisitions, exactions, pillages et destructions commis par les insurgés et auxquels, comme Clemenceau, il assista impuissant, l'horrifieront au moins autant que la sanglante répression qui s'ensuivit. Il n'est pas interdit de penser que le spectacle des fureurs populaires et des barricades lui fournira la matière de deux de ses ouvrages les plus célèbres : Psychologie des Foules (1895) et La Révolution Française et la psychologie des révolutions (1912).

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En 1874, paraît un ambitieux traité de plus de 900 pages, La Vie, Physiologie humaine appliquée à l'hygiène et à la médecine. Le Bon, qui se pose en disciple de Claude Bernard, de Bichat et de Broca, ne cache pas ses sympathies pour l'hygiénisme et le nutritionnisme.

Les années 1879-1880 le verront renoncer peu à peu à l'exercice de la médecine (qu'il n'a guère pratiquée qu'en théoricien), sacerdoce trop contraignant à son gré et ne lui offrant sans doute pas un champ d'études assez vaste. Il commence à publier dans la Revue philosophique fondée par Théodule Ribot en 1876 et la Revue scientifique.

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Loin de sacrifier à la culture purement livresque, Le Bon multiplie les voyages (Belgique, Angleterre, Espagne, Grèce, Italie, Balkans). Les moyens de transports restent rudimentaires, et Le Bon est bien souvent contraint d'utiliser le cheval pour se déplacer, pratique dont il tirera plus tard profit en rédigeant un manuel d'équitation. Sa soif d'aventure le conduit à Moscou en 1879, d'où il gagne les Carpates. Son projet : étudier la formation, l'évolution, les conditions de vie, les us et les coutumes d'une ethnie confinée dans un isolement géographique.

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En 1881, sort L'Homme et les sociétés, monumentale somme en deux volumes de près de 1 000 pages retraçant l'histoire de la vie depuis l'origine de l'univers jusqu'à nos jours. Le Bon se considère comme un héritier des Lumières. Il veut croire aux progrès de la civilisation (« La civilisation est un flambeau dont la lumière s'accroît d'âge en âge et que les peuples les plus divers se sont passés tour à tour. »), et en la perfectibilité de l'espèce humaine (« Si l'âge d'or est quelque part, il est devant nous et non derrière. »)

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Le Bon décide de consacrer plusieurs volumes à l'histoire des grandes civilisations. Fasciné par celle des Arabes, il parcourt de 1882 à 1884 l'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), le Moyen-Orient (Éthiopie, Liban, Égypte, Palestine, Syrie, Turquie) pousse jusqu'à Bagdad, Ispahan et Samarkand. En 1884, paraît La Civilisation des Arabes, ouvrage richement iconographié. Tout au long de sa carrière, Le Bon nourrira une indéfectible admiration envers le monde musulman, et ne cessera d'en commenter l'évolution.

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Ses périples au Moyen-Orient et en Galicie lui ont inoculé le goût de l'aventure, lui ont permis d'entrer en contact avec des peuples épargnés par la civilisation occidentale, de découvrir la richesse de leurs cultures, de se pénétrer de leur sagesse. « Il n'y a que les voyages qui puissent nous apprendre à nous soustraire au joug des opinions toutes faites, lourd héritage des traditions et des préjugés du passé. »

Le Bon se voit confier par le Ministère de l'Instruction publique une mission sur l'art, les religions et l'archéologie du sous-continent indien. Arrivé à pied d'œuvre au printemps 1884, il sillonne l'Inde de part en part, reconstitue l'histoire des différentes ethnies, se livre à un inventaire détaillé des monuments archéologiques (une de ses nombreuses passions), se penche sur la disparition du bouddhisme de la péninsule indienne.

Son vœu le plus cher est de s'aventurer au cœur du mystérieux Népal. Pendant des siècles, seuls une poignée d'européens (dont des missionnaires chrétiens) avaient eu l'occasion de s'introduire dans ce qui était alors un des royaumes les plus fermés de l'Himalaya. Au terme d'interminables pourparlers diplomatiques, le gouvernement du vice-roi indien accepte de lui fournir le précieux sauf-conduit.

Les Népalais ont peine à croire qu'un Européen ait pu entreprendre un si long voyage pour étudier leurs monuments. D'autant que le Bon est équipé d'un appareil photo et d'un théodolite et passe des heures à consigner ses observations, à étudier les temples, les sculptures, planche à dessin à la main. Beaucoup de temples et de monuments ayant été détruits lors du grand séisme de 1934, les responsables de la réhabilitation patrimoniale de la Vallée de Katmandu apprécient ces illustrations, qui leur permettent de trouver l'emplacement exact, le style et la décoration des monuments en ruines.

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Début 1889, Le Bon fait paraître Les Levers photographiques et la photographie en voyage. Dessinateur et aquarelliste de talent, Le Bon s'est toujours fait le chantre de la photographie. La même année, il publie Les Premières civilisations, consacré aux civilisations égyptienne, chaldéo-assyrienne, juive, perse et phénicienne. En 1892, il publie L'Équitation actuelle et ses principes. Cet ouvrage, illustré de 57 gravures et de 178 photographies, reste plus d'un siècle après sa parution un classique de l'enseignement de l'équitation dans les écoles de cavalerie. Grâce aux photos de chevaux en action, à la décomposition de leurs mouvements, Le Bon démontre que l'on peut faciliter leur dressage et améliorer leurs performances par toute une série d'exercices basés sur la pratique, l'association de gestes et d'exemples appropriés.

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En 1893, il organise avec ses amis Albert Dastre, membre de l'Académie des Sciences, et Théodule Ribot, fondateur de la Revue philosophique de la France et de l'étranger, un dîner mensuel, dit des "XX", à son domicile au cours duquel tous les derniers vendredis du mois des intellectuels venus d'horizons divers, des officiers supérieurs, des responsables politiques, des artistes, viennent confronter leurs vues sur les grands problèmes de l'heure. Parmi les invités, on relève les noms de Henri et Raymond Poincaré, Émile Picard, Camille Flammarion, le prince Roland Bonaparte, Camille Saint-Saëns, Henri Bonnal, Gabriel Bonvalot, Jules Héricourt, Gabriel Hanotaux, Félix le Dantec, Edmée de La Rochefoucauld. Tous admirent la clairvoyance, la perspicacité et l'étendue de la culture de Le Bon, beaucoup enfin partagent son anti-socialisme de principe, son libéralisme, son aversion pour tout mouvement de masse, toute forme de violence et de coercition.

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En 1895, Psychologie des foules lui apporte la consécration. L'ouvrage sera tiré à plus de 40 000 exemplaires, et réimprimé pas moins de trente-cinq fois, chiffres considérables pour un essai de socio-psychologie. Avant lui, seuls Hippolyte Taine, Gabriel Tarde et Scipio Sighele s'étaient livrés à l'étude des foules et de leurs comportements ; le premier, dans le cadre de la Révolution Française ; le second, dans celui de l'anthropologie criminelle ; le troisième, dans celui des exactions populaires. Soixante ans plus tôt, Alexis de Tocqueville, dans De la Démocratie en Amérique (1835), avait montré la propension des hommes à se rassembler dans de gigantesques centres urbains et à se constituer, spontanément ou non, en foules de plus en plus nombreuses. Le spectacle de ces fourmilières humaines, consécutives à l'expansion démographique et à l'exode rural, éveillera en lui la nostalgie de l'Ancien Régime : « Je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. [...] Je promène mes regards sur cette foule innombrable composée d'êtres pareils, où rien ne s'élève ni ne s'abaisse. Le spectacle de cette uniformité universelle m'attriste et me glace, et je suis tenté de regretter la société qui n'est plus. »

Si Tocqueville s'était borné à déplorer l'uniformisation de la société civile, Le Bon, s'appuyant sur les travaux de ses prédécesseurs (Taine et Sighele, notamment), va envisager sa massification comme un processus irréversible et cherchera à en esquisser la typologie. « Alors que nos antiques croyances chancellent et disparaissent, annonce-t-il d'emblée, que les vieilles colonnes des sociétés s'effondrent tour à tour, l'action des foules est l'unique force que rien ne menace et dont le prestige grandisse toujours. L'âge où nous entrons sera véritablement l'âge des foules. »

Le Bon avance que, dès lors qu'il se trouve au sein d'une foule, l'individu se défausse de sa personnalité pour devenir une simple cellule de l'entité constituée, aliénant de la sorte libre-arbitre et esprit critique. Troupeau privé de raison, plus apte à imiter qu'à entreprendre, à recycler qu'à inventer, la foule s'empressera de faire surgir de son sein un chef, un leader, un « meneur » qui saura canaliser ses pulsions latentes. Le « meneur » (dont la description doit beaucoup à la carrière et à la personnalité du général Boulanger mais aussi à celle de Napoléon Bonaparte) est une sorte de médium qui, condensant l'aspiration confuse de la foule, va peu à peu lui dicter sa loi. C'est son charisme plus que son éloquence qui la subjugue et l'enflamme, l'induise à s'en remettre aveuglément à son autorité. « Le type de héros cher aux foules aura toujours la structure d'un César. Son panache les séduit, son autorité leur en impose et son sabre lui fait peur. »

Bien que Psychologie des foules ne soit en aucune façon un bréviaire rédigé à l'intention des despotes potentiels ou un manuel de la technique du coup d'état (c'est très exactement le contraire, un rapport alarmiste, un coup de semonce destiné aux républicains, aux libéraux et aux démocrates), nombre des dictateurs du XXe siècle ne se priveront pas d'en éprouver les "recettes". Lénine, Staline, Mussolini, Hitler passent pour s'être inspiré des travaux de Le Bon afin de manipuler les foules et leur imposer leur joug. Celles-ci, avait mis en garde le sociologue, ayant propension à brûler le matin ce qu'elles ont porté aux nues la veille, ceux qui les mettent en branle ont intérêt à s'en méfier : « Qui s'appuie sur elles peut monter très haut et très vite, mais en côtoyant sans cesse la roche Tarpéienne et avec la certitude d'en être précipité un jour. » Avertissement que ne semblent pas avoir entendu les démagogues dont en 1895 il pressentait l'avènement et qu'à n'en pas douter l'adversaire déclaré de tout populisme, de tout fanatisme et de tout extrémisme qu'il était aurait condamnés sans rémission.

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La parution en 1898 de Psychologie du socialisme confirmera, s'il en était besoin, que Le Bon ne se trouve pas du côté de « ceux qui croient posséder le secret du bonheur terrestre ou éternel ». Jamais à court de raccourcis qui font mouche, Le Bon établit une parenté (analogie aujourd'hui classique) entre le christianisme antique, le jacobinisme et le socialisme révolutionnaire, idéologies à caractère messianique qui procèdent de la même volonté de faire miroiter aux populations l'image d'un pays de cocagne où régneraient la concorde, la justice et l'égalité. Dessein contre lequel Le Bon n'aurait rien à redire si ce n'est qu'à sa source ne se trouvent lovés intolérance, fanatisme et mépris de l'autre. Aussi redoutait-il que, parvenu au pouvoir, le socialisme pur et dur de la fin du XIXe siècle ne soit amené à instaurer un régime policier dont les méthodes n'auraient rien à envier à celles de ses prédécesseurs catholiques et jacobins. Dix-neuf ans plus tard, l'expérience russe lui confirmera que le socialisme, sous sa forme bolchevique, loin de contribuer au bonheur de la population, est au contraire le tombeau de la liberté individuelle, de l'initiative personnelle et l'un des plus effroyables instruments d'oppression collective que l'histoire ait jamais enfanté.

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Devant le succès remporté par le dîner des "XX", il lance en de 1902, un second banquet, les « Déjeuners du mercredi ». Durant presque trente ans, y seront conviés ses proches mais également une foule d'intellectuels et de célébrités appartenant au Tout-Paris.

S'appuyant sur un cercle de relations de plus en plus étendu, Le Bon lance la même année chez Flammarion la « Bibliothèque de philosophie scientifique », collection qu'il dirigera jusqu'à la fin de sa vie. Outre ses propres ouvrages, y paraîtront ceux d'Henri et Lucien Poincaré, Félix Le Dantec, Henri Bergson, Gabriel Hanotaux, William James, Ernest Flammarion, Marie de Bonaparte, Maurice de Broglie, Cesare Lombroso, William Maxwell, etc. Bien qu'ignorant tout du monde de l'édition, il se révélera un éditeur avisé et compétent puisque, cumulée, la diffusion de la collection avoisinera les deux millions, plusieurs titres connaissant même un tirage supérieur à 50.000 exemplaires.

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Paru en 1902, Psychologie de l'éducation est un pavé dans la mare de l'école rendue gratuite, laïque et obligatoire par Jules Ferry (« En imposant à tous les élèves une instruction identique, on obtient un minimum de rendement avec un maximum d'effort. »). Son programme éducatif tient en une formule restée célèbre : « L'éducation est l'art de faire passer le conscient dans l'inconscient. » La répétition de la même série de gestes et d'exercices devant progressivement engendrer des réflexes conditionnés qui conduiront à leur parfaite réalisation.

Le Bon considère la formation du caractère comme cruciale. Il faut dès le plus jeune âge apprendre l'enfant à se gouverner soi-même et lui laisser une liberté d'action suffisante pour qu'il puisse faire soi-même l'expérience du monde. « Au lieu de se borner, comme on le fait si généralement encore, à bourrer la mémoire de l'individu de faits destinés à être oubliés bientôt, il serait infiniment préférable de l'habituer à exercer son jugement ; on lui donnerait ainsi la méthode, c'est-à-dire cette aptitude à associer convenablement les éléments qui se présenteront à lui, à juger de leur valeur et à en tirer tout le parti possible. » L'auteur attache une importance toute particulière à l'apprentissage des sciences de la nature, plaide pour une revalorisation du travail manuel (« un ouvrier habile vaut mieux qu'un bachelier médiocre »), préconise la pratique des sports de plein air, défend alors le service militaire obligatoire, propre à développer le sens du devoir, l'esprit de groupe et le respect de la hiérarchie.

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Parallèlement à ses autres activités, Le Bon se lance au début des années 90 dans des expérimentations sur la structure de la matière. Dès 1897, il affirme que matière et énergie ne sont qu'une seule et même chose se présentant sous des aspects différents : « la matière n'est qu'une énergie stable et rien d'autre. » Poursuivant ses expériences (auxquelles collabora Édouard Branly), Le Bon parvient à établir que le rayonnement de l'uranium est un phénomène universel : loin d'être inerte, la matière n'est que de l'énergie condensée, énergie aussi colossale qu'inépuisable dont la maîtrise pourrait déboucher sur "une infinité d'applications pratiques." Ces travaux, présentés à l'Académie des Sciences, fourniront matière à un ouvrage qui connaîtra un retentissement considérable dans les milieux scientifiques européens : L'Évolution de la matière (1905). En 1903, il manque de justesse le Prix Nobel de Physique, plus, semble-t-il, pour des raisons partisanes que pour des raisons scientifiques. « Quelques difficultés qu'il y ait à découvrir des vérités nouvelles, épilogua Le Bon en citant Lamarck, il s'en trouve encore de plus grandes à les faire reconnaître. »

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Bien que consacrant une part importante de son temps et de son énergie à l'administration de la Bibliothèque de philosophie scientifique, Le Bon n'en continue pas moins à publier. En 1910, paraît La Psychologie politique et la défense sociale, traité de psychologie politique. En 1912, nouveau brûlot avec La Révolution Française et la psychologie des révolutions. La Révolution apparaît à la majorité des Français (et des Occidentaux) comme un événement les ayant délivrés de l'oppression de la noblesse et du clergé. Pour Le Bon, il ne faut pas oublier que jamais la liberté du peuple français ne fut plus réduite que sous son règne, jamais sa misère plus profonde, jamais son avenir plus sombre. Rien de surprenant quand on sait que le fanatisme révolutionnaire se caractérisait par « une haine envieuse de toutes les supériorités, celle de la fortune comme celle de l'intelligence [...] un désir intense de s'emparer par la violence des biens qu'on se sent incapable d'acquérir par le travail ou l'intelligence. » Pour Le Bon, ce ne sont pas les révolutions politiques qui ont de façon significative amélioré le sort et les conditions de vie des populations mais les révolutions techniques et scientifiques. Galilée, Lavoisier, Newton, Franklin, Edison, Kepler, Copernic, Gutenberg, Volta, Vaucanson, Watt, Montgolfier, Pasteur, etc., – sans oublier les auteurs anonymes des innombrables idées de génie, inventions et innovations techniques (mêmes minimes) qui jalonnent la marche de l'humanité – ont, selon lui, davantage contribué à changer la face du monde et à concourir au bonheur des peuples que tous les marchands d'illusions réunis. « Les révolutions les plus sanglantes, les guerres les plus prolongées, n'ont jamais eu de résultats comparables à ceux des découvertes scientifiques de ce siècle, découvertes qui en présagent de plus influentes et de plus fécondes encore. »

Dans Opinions et croyances (1911) et La Vie des vérités (1914), Le Bon se livrera à la description clinique du mécanisme de la genèse et de la propagation des idées et des croyances de masse. Selon lui, l'être humain est principalement gouverné par l'affectif et l'irrationnel, la raison n'intervenant qu'a posteriori pour justifier sa conduite. En 1913, il publie Aphorismes du temps présent dans lequel il révèle des talents insoupçonnés de moraliste et de visionnaire.

Bien que diminué par l'âge (il a alors 82 ans et est partiellement aveugle), Le Bon publie en 1923 Le déséquilibre du monde, ouvrage de géopolitique dédié au général Charles Mangin, dans lequel on le voit approuver le programme économique de Mussolini, à qui le roi Victor-Emmanuel III s'était vu contraint d'octroyer les pleins pouvoirs. Cet hommage ainsi que la brève relation épistolaire qui se nouera à cette occasion entre les deux hommes suffiront pour que l'on fasse de Le Bon un laudateur du fascisme. Si Le Bon a soutenu Mussolini à ses débuts, c'est dans la mesure où ce dernier venait de ramener l'ordre dans un pays en proie à une anarchie endémique (émeutes populaires, grèves ouvrières, occupations d'usines, insurrections paysannes, inflation galopante, etc.) qui mettait en péril la paix civile. Il consacrera plusieurs articles à la résurgence des régimes dictatoriaux : "Nous sommes à l'âge où les peuples, ayant perdu la foi dans des institutions qui ne leur ont pas évité les ruines d'une guerre désastreuse [conflit 14-18], cherchent à les remplacer. Ils s'adressent naturellement aux formes les plus primitives, c'est pourquoi l'antique régime autocratique, qualifié de dictature, reparaît partout. " Le Bon ne sera pas le seul, tant s'en faut, à s'abuser, aux yeux de nombreux hommes politiques et intellectuels de renom, Churchill, Sorel, Teilhard de Chardin, Gabrielle d'Annunzio, Pareto, Pirandello, Ezra Pound, Yeats, T.S. Eliot, D.H. Lawrence, Maurras, Montherlant, etc., Mussolini apparaissait comme un mal nécessaire, un des rares leaders politiques à pouvoir restaurer la paix civile en Italie. Procès d'intention, que de voir en lui un thuriféraire du fascisme, car il soulignait aussitôt le formidable danger d'un tel régime, par lui-même qualifié de « réactionnaire » : « L'autorité d'un dictateur étant, par définition, soustraite à tout contrôle, ses erreurs peuvent, comme le prouve abondamment l'histoire, entraîner un peuple vers d'irréparables désastres. » Et pour l'auteur : « Les nations vraiment civilisées ne voudront bientôt plus de dictature, ni celle du prolétariat, ni celle du sabre. »

En 1924 paraît Les Incertitudes de l'heure présente (dédié à Aristide Briand), recueil de réflexions sous forme d'aphorismes sur la politique, la guerre, les alliances, etc. dans lequel Le Bon se fait une fois encore le chantre de la solidarité entre les peuples : « Si la raison pouvait exercer un rôle quelconque sur les relations entre les peuples, ils seraient vite persuadés que leur intérêt est de s'entraider au lieu de s'entre-détruire. » En 1927 Le Bon publiera L'Évolution actuelle du monde, illusions et réalités, ouvrage dans lequel on le verra applaudir des deux mains aux Accords de Locarno (16 octobre 1925) qui jetaient les bases d'une fédération d'États européens : « Les États Européens n'échapperont à la ruine qui les menace qu'en s'unissant industriellement et commercialement pour fonder le bloc européen dont un homme d'État* illustre ébaucha à Locarno les contours. Prospérer en s'unissant ou périr dans les dissensions : tel est le dilemme qui se pose aujourd'hui. » Rien ne pourrait sans doute réjouir davantage cet adepte de la réalpolitik, ce témoin horrifié des grandes conflagrations de son temps, de voir que les pays européens aient mis leurs divergences et leurs différends sous le boisseau pour s'atteler à la construction de l'UE et faire de l'Europe un des phares de la civilisation.

Le Bon est connu pour avoir été le premier penseur à avoir pointé du doigt la mystique de la supériorité de la race aryenne et condamné par avance la montée du nazisme : « L’Allemand moderne est plus dangereux encore par ses idées que par ses canons, consignera-t-il en 1918. Le dernier des Teutons reste convaincu de la supériorité de sa race et du devoir, qu’en raison de cette supériorité, il a d’imposer sa domination au monde. Cette conception donne évidemment à un peuple une grande force. Il faudra peut-être une nouvelle série de croisades pour la détruire. »

Début 1929, le vieux philosophe (octogénaire et, selon ses proches, diminué intellectuellement) a la satisfaction d'être nommé Grand Officier de la Légion d'Honneur (il sera nommé Commandeur un mois plus tard). L'année suivante, il recevra le prix Estrade-Delcros, décerné par l'Académie des Sciences Morales et Politiques pour sa contribution morale à l'effort de guerre. En 1931, plusieurs de ses amis et disciples, dont Paul Gaultier, Charles Diehl et Aristide Briand, se réuniront à la Tourelle pour célébrer l'anniversaire de ses quatre-vingt dix ans.

En 1931, quelques mois avant sa mort, paraît son testament, Bases scientifiques d'une philosophie de l'histoire, dans lequel, tout en rappelant que la dynamique de l'histoire est la résultante de l'irrationnel (idées et croyances) et du rationnel (nécessité), Le Bon se livre à un tour d'horizon de la conjoncture sociale, économique et politique des principaux pays du monde. Livre aussi sombre que ses prédécesseurs, l'ouvrage se termine néanmoins sur une note d'espoir : « Nous pouvons rêver d'une humanité future aussi différente de l'humanité actuelle que cette dernière diffère des êtres rudimentaires de la préhistoire. C'est un rêve sans doute, mais il a plus de vraisemblance pourtant que ceux qui ont dominé le monde jusqu'ici et dont il ne faut pas médire puisqu'ils élevèrent l'homme de la barbarie à la civilisation. »

* Il s'agit de son ami Aristide Briand, surnommé « l'ange de la paix. », prix Nobel de la Paix 1926.

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Si Le Bon est resté célèbre pour son traité Psychologie des foules, on ne saurait réduire sa pensée à ce seul ouvrage, pierre angulaire d'une œuvre protéiforme et foisonnante qui comporte une quarantaine de volumes et quatre cent cinquante articles parus dans des revues éminentes. « Se faire vacciner contre le prêt-à-penser contemporain, rien de plus simple : il suffit d'aller frapper à la porte de Gustave Le Bon. Seul problème, cet empêcheur de penser en rond opère sans anesthésie », déclarait peu avant sa mort Pierre Duverger, ardent propagandiste de l'œuvre de Le Bon. À n'en pas douter, le sociologue appartient à cette phalange de penseurs iconoclastes, qui, de Nietzsche à Cioran, loin de sacrifier aux dogmes de leur époque, ne cesse d'en mettre à nu le nihilisme et l'irrationalité. Pour l'auteur de La vie des vérités, l'histoire se confond avec celle des illusions (croyances, idéologies, messianismes, utopies, etc.) et c'est leur fondement mortifère qu'il s'est acharné à combattre, c'est la mystique du paradis terrestre, qui allait mener à l'avènement des totalitarismes qui mirent la planète à feu et à sang, qu'il a prioritairement dénoncé. Mais là ne s'est pas borné son propos, puisque du même mouvement il a mis en évidence, comme La Boétie, comme Tocqueville, comme Taine, comme Proudhon avant lui, le penchant des masses à aliéner leur liberté.

Résigné sur ses vieux jours à jouer l'ingrat rôle de Cassandre, le sociologue s'évertua à mettre ses contemporains en garde contre les volontés hégémoniques allemandes, le pouvoir grandissant des mass média, la compression des libertés tant individuelles que collectives, les manœuvres des « forbans de la finance ». On le verra fustiger avec verdeur les ravages de la colonisation et de l'impérialisme occidental, exhorter au respect des traditions, des cultes et des cultures indigènes, prôner la maîtrise des flux migratoires et de la démographie, etc. Prise dans son ensemble, son œuvre constitue une critique mordante de la modernité conçue comme le règne de l'argent, du népotisme et de la démagogie, de l'incurie politique, du laxisme économique, de l'anomie sociale, de l'arrivisme et du « chacun pour soi et Dieu pour tous » – en un mot du Après nous le déluge  ! Diagnostic qui témoigne d'un flair prophétique remarqué par tous ses lecteurs et commentateurs. « Beaucoup de bizarreries rebutent le lecteur d'aujourd'hui dans les écrits de Le Bon, relève le sociologue Serge Moscovici, auteur de L'âge des foules. Mais sa prescience nous stupéfie. Il a anticipé toutes les évolutions psychologiques et politiques de notre siècle. »

Il est vrai que les prémonitions de celui qui était, rappelons-le, le contemporain de Jules Verne, de J.-H. Rosny et de H.G. Wells, sont parfois si confondantes qu'on croit parfois se trouver en face d'ouvrages d'anticipation ou de politique-fiction. Ainsi, à la veille de sa mort, Le Bon entrevoyait le jour où la force de dissuasion serait le premier garant de la paix universelle, la mise au point d'armes de destruction totale rendant problématique le recours à la force et aux guerres de conquête : « Dans l'état actuel de nos connaissances, la seule chance d'une paix durable serait la découverte d'une méthode de destruction si rapide qu'aucun peuple ne voudrait s'exposer à en subir les effets. »

Plus qu'à un Machiavel, auquel on l'a parfois comparé, c'est, nous semble-t-il, la figure d'un Confucius qu'il faudrait évoquer tant Le Bon s'est s'évertué à prêcher la politique du juste milieu, à appeler à la diplomatie et au dialogue, à promouvoir la concorde entre les différentes forces sociales, la coopération entre les nations et les peuples, tant jusqu'à la fin de sa vie il n'a cessé de prôner rigueur morale, loyauté, tolérance, altruisme, équité et tempérance. Un Confucius doublé d'un cygne noir qui a percé à jour les principaux travers des sociétés modernes, dont le principal à ses yeux était l'absence de vision à long terme. Pour le lecteur assidu de Montesquieu et de Gibbon qu'il était, toute civilisation ou société est mortelle (puisque soumise au même cycle que les autres organismes vivants : naissance, enfance, adolescence, maturité, vieillesse, mort, décomposition) et celle-ci périclite d'autant plus vite qu'elle est dépourvue de noble idéal, idéal collectif porteur d'espoir et de prospérité pour la réalisation duquel chacun soit enclin à œuvrer et à sublimer son égoïsme. « La décadence commence pour un peuple le jour où il ne possède plus un idéal universellement respecté, et pour la défense duquel chacun soit prêt à se dévouer. »

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Quand on a lu attentivement son œuvre, on comprend difficilement l'aura sulfureuse qui l'entoure, moins encore le silence dans lequel elle est tombée. Silence d'autant plus étonnant que, durant une bonne trentaine d'années, Le Bon jouit d'une notoriété et d'un prestige que seuls de rares penseurs peuvent se targuer d'avoir connus de leur vivant. Ses lecteurs se comptaient par dizaines de milliers et, parmi eux, une pléiade d'illustres admirateurs, Aristide Briand, Édouard Herriot, Georges Clemenceau, Roland et Marie Bonaparte, les cousins Poincaré, les frères Flammarion, les maréchaux Joffre, Foch et Pétain, Paul Painlevé, Henri Bergson, Paul Valéry, Remy de Gourmont, Raymond Queneau, Georges Sorel, Gabriel Hanotaux, Marthe Bibesco, Anna de Noailles, Camille Saint-Saëns, etc. À l'étranger, son nom n'est pas moins célèbre : Theodore Roosevelt, Don Arturo Alessandri*, Rudyard Kipling, Sigmund Freud, William Ramsay, O.D. Chwolson, William Thomson, Paul De Heen, Edmond Picard, etc., ont lu, médité et commenté avec passion ses ouvrages, loué leur auteur pour l'intelligence de ses analyses et l'ampleur de ses perspectives. Le Bon s'était en particulier distingué en fondant en 1902 chez Flammarion la prestigieuse Bibliothèque de philosophie scientifique, collection qu'il devait diriger jusqu'à la fin de sa vie et qui continue son existence sous le nom de Nouvelle Bibliothèque Scientifique (y ont notamment été publiés, sous la direction de Fernand Braudel, les ouvrages de Vladimir Jankélévitch, Roger Bastide, Jean Wahl, Albert Einstein, Georges Gurvitch, etc.)

« Il y a une énigme Le Bon, constate Moscovici. Les ouvrages publiés en français ne mentionnent jamais son extraordinaire influence sur les sciences de la société, alors qu'ils réservent une place excessive à des savants mineurs et à des écoles de pensée aussi vastes qu'indéterminées. Quelle est donc la raison de ce traitement injuste ? Comment est-il possible d'ignorer un homme qui compte parmi les dix ou quinze dont les idées, du point de vue des sciences sociales, ont eu une action décisive sur le XXe siècle ? Parlons franc : excepté Sorel, et sans doute Tocqueville, aucun savant français n'a eu une influence égale à celle de Le Bon. Aucun n'a écrit des livres ayant un retentissement analogue. »

* Président de la République du Chili (de 1920 à 1925 et de 1932 à 1938).

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Celui que Clemenceau avait baptisé : "Le grand débroussailleur d'idées" s'éteindra le 14 décembre 19 31, à l'âge de 90 ans. Craignant d'être inhumé vivant, il avait fait promettre à ses deux « favorites », Marie Bonaparte et la Princesse Bibesco, de procéder sur sa dépouille à une série d'examens et on lui fit plusieurs piqûres pour s'assurer de son décès. Ses obsèques seront célébrées trois jours plus tard en l'église de la Madeleine en présence d'une foule importante, où l'on distinguait de nombreuses personnalités dont le colonel Sadi-Carnot, le prince Sixte de Bourbon-Parme, Le Prince et la Princesse Georges de Grèce, la duchesse de Castellane, la duchesse de la Rochefoucauld, Mme de Ganay, Aristide Briand, etc. Le Président de la République s'y fera représenté par le commandant Coletti et une compagnie à cheval de la Garde Républicaine de la garnison de Paris rendra au philosophe les honneurs militaires. « La mort ne détruit pas, avait-il écrit dans L'homme et les sociétés, elle rajeunit, et, au lieu de la représenter avec les attributs funèbres dont notre imagination l'entoure, il faudrait la concevoir sous les traits d'une déesse qui ne saurait vieillir et dont la main puissante ne toucherait les choses que pour leur rendre la jeunesse. »

KORPA

Hormis Psychologie des foules, régulièrement réédité par PUF, les ouvrages de Le Bon sont extrêmement difficiles à trouver. À l'occasion du cinquantenaire de sa mort (1981), l'Association des Amis de Gustave Le Bon a réédité quelques unes de ses œuvres majeures, épuisées depuis.

http://classiques.uqac.ca/classiques/le_bon_gustave/le_bon_gustave.html

Excellent site canadien où il est loisible de télécharger gratuitement plusieurs ouvrages de Le Bon épuisés, introuvables ou hors de prix. Cette bibliothèque numérique réalisée par des bénévoles (dont Roger Derr) a été fondée par le sociologue Jean-Marie Tremblay. La bibliothèque numérique Gallica propose également plusieurs titres de Le Bon consultables en ligne.

Bibliographie sélective

1866 De la mort apparente et des inhumations prématurées

1874 La vie, physiologie humaine appliquée à l'hygiène et à la médecine

1881 L'homme et les sociétés

1884 La civilisation des Arabes

1886 Voyage au Népal

1887 Les civilisations de l'Inde

1888 Les levers photographiques et la photographie en voyage

1889 Les premières civilisations

1892 L'équitation actuelle et ses principes

1893 Les monuments de l'Inde

1894 Lois psychologiques de l'évolution des peuples

1895 Psychologie des foules

1898 Psychologie du socialisme

1902 Psychologie de l'éducation

1905 L'évolution de la matière

1907 L'évolution des forces

1908 Naissance et évanouissement de la matière

1910 La psychologie politique et la défense sociale

1911 Opinions et croyances

1912 La Révolution Française et la psychologie des révolutions

1913 Aphorismes du temps présent

1914 La vie des vérités

1915 Enseignements psychologiques de la guerre européenne

1916 Premières conséquences de la guerre

1918 Hier & demain. Pensées brèves.

1920 Psychologie des temps nouveaux

1923 Le déséquilibre du monde

1923 Les incertitudes de l'heure présente

1927 L'évolution actuelle du monde, illusions et réalités

1931 Bases scientifiques d'une philosophie de l'histoire

Principaux ouvrages & articles sur Gustave Le Bon

•  1901 P. de Heen : Quel est l'auteur de la découverte des phénomènes dits radio-actifs ? Réédité par l'Association des Amis de Gustave le Bon. 1983.

•  1906 H. Lorent : Les théories du docteur Gustave Le Bon sur l'évolution de la matière. Réédité par l'Association des Amis de Gustave le Bon. 1983.

•  1909 Edmond Picard : Gustave Le Bon et son œuvre. (Paris, Mercure de France).

•  1914 Baron Montono : L'œuvre de Gustave Le Bon. (Paris, Flammarion)

•  1925 Albert Delatour : L'œuvre de Gustave Le Bon. (Paris, Flammarion)

•  1928 Ernest Flammarion : Les déjeuners hebdomadaires de Gustave Le Bon. (Paris, Flammarion).

•  1975 Robert Allan Nye : The origins of crowd psychology : Gustave Le Bon and the crisis of mass democracy in the third republic. (Londres, Sage Publications)

•  1978 Zeev Sternhell : La Droite révolutionnaire. Les origines françaises du fascisme. (Paris, Le Seuil)

•  1979 Alice Widener : Gustave Le Bon, The man and his works. (New York. Liberty Press)

•  1981 Serge Moscovici : L'âge des foules (Fayard) ouvrage remanié en 1985 (Bruxelles, Complexe)

•  1982 Yvon-Jean Thiec : Gustave Le Bon, La psychologie des foules. La fondation de la psychologie collective et sa propagation dans les sciences sociales et politiques à la fin du XX e siècle. (Florence)

•  1982 Claire Vlach : Sociologie et lecture de l'histoire chez Gustave Le Bon (Maison des sciences de l'homme). Thèse inédite sous la direction de Raymond Aron.

•  1984 Pierre Duverger : Matière égale énergie, c'est Gustave Le Bon. (Paris, Association des Amis de Gustave le Bon)

•  1986 Catherine Rouvier : Les idées politiques de Gustave Le Bon (Paris, PUF) Préface d'Edgar Faure.

•  1988 Pierre Duverger : Le docteur Gustave Le Bon aujourd'hui. (Paris, Association des Amis de Gustave le Bon)

•  2000 Benoît Marpeau : Gustave Le Bon. Parcours d'un intellectuel. (Paris, CNRS Editions).