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A... comme avenir

 

Actes

Nos actes ne sont éphémères qu'en apparence. Leurs répercussions se prolongent parfois pendant des siècles. La vie du présent tisse celle de l'avenir. (Hier et demain)

Les raisons que nous attribuons à nos actes constituent rarement leurs vrais mobiles. Elles servent surtout à justifier les impulsions sentimentales et mystiques qui nous font agir. (Aphorismes du temps présent)

Action

L'action est toujours nuisible quand, dédaignant les réalités, elle prétend changer violemment le cours des choses. On n'expérimente pas sur une société comme sur les machines d'un laboratoire. (La Révolution française et la psychologie des révolutions)

Les hommes de pensée préparent les hommes d'action, ils ne les remplacent pas. (Hier et demain)

Adaptation

La nature impose toujours aux êtres cet impérieux dilemme : s'adapter ou disparaître. (Psychologie des temps nouveaux)

Se révolter ou s'adapter, il n'y a guère d'autre choix dans la vie. (Aphorismes du temps présent)

L'adaptation rapide est toujours pénible parce que, si l'homme transforme avec peine ses manières de vivre, il change plus difficilement encore ses façons de penser. (Hier et demain)

Un des plus grands dangers menaçant une société est de contenir beaucoup d'individus restés à des phases d'évolution inférieure et par conséquent mal adaptés à l'état actuel de cette société. (Hier et demain)

L'enfance d'une espèce, d'un individu ou d'un peuple se caractérise par une plasticité excessive lui permettant de s'adapter à toutes les variations de milieu. Sa vieillesse s'accompagne au contraire d'une rigidité empêchant l'adaptation. (Les opinions et les croyances)

Les espèces semblent disparaître lorsque, trop stabilisées par un lourd héritage ancestral, elles ne peuvent plus s'adapter aux variations de milieu. Cette histoire du monde végétal et animal fut aussi celle de bien des peuples. (Les opinions et les croyances)

Administrations

Dans un gouvernement démocratique dont les ministres changent rapidement, le pouvoir réel appartient aux administrations. Chaque ministre croit gouverner, il est en réalité gouverner par elles. (Aphorismes du temps présent)

Les vraies forces directrices d'un pays, ce sont les administrations composées d'éléments impersonnels que les changements de régime n'atteignent jamais. Conservatrices des traditions, elles ont pour elles l'anonymat et la durée, et constituent un pouvoir occulte devant lequel tous les autres finissent par plier. Son action est même devenue telle qu'il menace de former un État anonyme plus fort que l'État officiel. La France en est ainsi arrivée à être progressivement gouvernée par des chefs de bureau et des commis. (La Révolution française et la psychologie des révolutions)

Âge d'or

Si l'âge d'or se trouve quelque part, il se trouve devant nous et non derrière. (L'homme et les sociétés)

Les poètes nous parlent d'un âge heureux nommé l'âge d'or où une fraternité universelle aurait régné parmi les hommes. Il est douteux qu'un tel âge ait jamais existé. Il est certain qu'il est évanoui pour toujours. Le vae victis du Brennus menaçant les Romains sur les ruines de Rome n'a jamais plus durement sonné qu'à l'heure présente [1884]. L'humanité est entrée dans un âge de fer où tout ce qui est faible doit fatalement périr. (La Civilisation des Arabes)

Âge moderne

Le monde moderne ressemble à une immense ménagerie dont toutes les cages auraient les portes ouvertes. (Psychologie des temps nouveaux)

L'esprit nouveau se révèle surtout comme un état de mécontentement général accompagné d'un besoin de changements. (Psychologie des temps nouveaux)

Agir

Agir, c'est apprendre à se connaître. Les opinions formulées restent de vaines paroles tant qu'elles n'ont pas l'acte pour sanction. (Opinions et croyances)

Si l’homme avait commencé par penser au lieu d’agir, le cycle de son histoire serait clos depuis longtemps. (Aphorismes du temps présent)

Agressivité

Les sentiments d'hostilité et de férocité primitifs ont été tellement fixés en nous par l'hérédité, que tous les efforts de la civilisation ont été radicalement impuissants à les déraciner. L'histoire nous montre qu'il existe bien peu de nations capables de laisser écouler quelques années sans éprouver le besoin de se précipiter sur leurs voisins, pour tâcher de les détruire, ou, si elles sentent leurs voisins trop forts, sur les habitants des contrées éloignées pour les tuer et les piller sous prétexte de les civiliser. (L'Homme et les sociétés)

Agriculture

Nous devons redouter une époque où, l'évolution économique à laquelle nous assistons étant complète, l'agriculture sera devenue manufacturière, et où toutes les petites propriétés, aujourd'hui morcelées, seront réunies en d'immenses domaines. Ce jour-là les petites fermes auront fait place à de vastes usines agricoles, possédées par des légions d'actionnaires, où l'ancien petit propriétaire, devenu ouvrier à son tour, ne sera plus qu'un rouage. Toute la production industrielle et agricole sera alors concentrée dans des manufactures gigantesques où des millions de manœuvres, courbés sous un régime plus dur que l'esclavage des temps antiques, et dont des lois de fer pourront seules contenir les colères, regretteront les temps si maudits autrefois par eux. (L'Homme et les sociétés)

En France, l’agriculture reste une des professions les moins considérées, alors qu’elle exige des connaissances plus variées que la plupart des autres. “ L’homme sachant bien diriger une ferme serait capable de gouverner l’empire des Indes ”, disait un ministre anglais. (Hier et demain)

La richesse d’un pays ne réside pas dans des billets sans garantie qu’il peut émettre à volonté, mais dans son industrie et son agriculture. (Les incertitudes de l’heure présente)

Se reporter à un demi-siècle*en arrière suffit pour voir qu’avec une agriculture prospère et une industrie moyenne un peuple peut mener une vie beaucoup plus heureuse que celle résultant du développement exagéré de ses usines. (Hier et demain)

* Ces lignes ont été écrites en 1918.

Aïeux

Les qualités de caractère qui font la grandeur d'un peuple sont l'œuvre de ses aïeux. L'âme des vivants est façonnée par celle des morts. (Hier et demain)

Tout être porte en lui des possibilités latentes de caractère léguées par ses divers aïeux, que les événements font surgir. (Hier et demain)

L'inconscient, où s'élaborent les motifs de beaucoup de nos actes, représente une condensation de l'âme des aïeux. (Hier et demain)

La patrie n'est pas constituée seulement par le sol où nous vivons, mais aussi par les ombres des aïeux qui continuent à vivre en nous et contribuent à élaborer notre destinée. (Hier et demain)

L'homme est le jouet inconscient de bien des maîtres ; mais les plus tyranniques, ceux qu'il passe sa vie à implorer et à craindre, pour lesquels il s'agite dans le sang et les larmes, et a livré les guerres les plus meurtrières et commis les crimes les plus terribles, ces maîtres souverains sont des ombres fugitives habitant le monde des illusions et celui des rêves. Ombres légères, mais redoutables. Bien des conquérants ont dominé le monde et fait plier les hommes sous leur loi ; aucun n'a possédé une puissance égale à celle de certains morts. ( La Civilisation des Arabes)

Chaque être vivant est un cimetière où dorment de nombreux ancêtres, qui se réveillent parfois pour énoncer des volontés impérieuses. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

Toutes ces générations qui dorment dans la poussière vivent aujourd'hui en nous. Parmi les influences diverses qui mènent l'homme, la plus puissante encore est celle des morts. (L'Homme et les sociétés)

Allemagne

L'Allemagne, malgré des apparences de prospérité, sera sans doute la première victime du socialisme, à en juger par le succès des diverses sectes qui y pullulent. Celui qui la ruinera sera sans doute revêtu de formules scientifiques rigides, bonnes tout au plus pour une société idéale que l'humanité n'a jamais produite, mais ce socialisme, dernier fils de la raison pure, sera le plus intolérant et le plus redoutable de tous. Aucun peuple n'est aussi bien préparé que l'Allemagne à le subir. Aucun n'a plus perdu aujourd'hui [1894] l'initiative, l'indépendance et l'habitude de se gouverner. (Revue Scientifique)

L'Allemagne est aujourd'hui [1898] le grand centre de l'autoritarisme et on peut craindre qu'elle ne soit bientôt plus l'asile d'aucune liberté. (Psychologie du socialisme)

Alliance

Les alliances entre peuples ne représentent que l'association momentanée d'intérêts semblables et ne survivent pas à la disparition de cette communauté d'intérêts. (Le Déséquilibre du monde)

Lorsque, après avoir été un lien qui unit, les alliances deviennent une chaîne qui entrave, leur désagrégation est prochaine. (Les incertitudes de l’heure présente)

Un allié trop puissant est parfois aussi redoutable qu’un ennemi déclaré. L’alliance d’un peuple faible avec un peuple fort ne constitue généralement pour le peuple faible qu’une forme atténuée de la servitude. (Les incertitudes de l’heure présente)

Altruisme

L'altruisme profond, l'altruisme dans les actes et non dans les mots, est une vertu collective. Toute œuvre d'intérêt général demandant pour son accomplissement un minimum d'égoïsme et un maximum de dévouement aveugle, d'abnégation et de sacrifice, ne peut guère être accomplie que par les foules. (Psychologie du socialisme)

Subordonner l'égoïsme à l'altruisme, c'est-à-dire soi-même aux autres, comme disent les positivistes, cela fait partie de la catégorie des préceptes qu'on met dans les livres, que chacun reconnaît bon pour le prochain, mais ne songe guère à observer. (L'Homme et les sociétés)

Âme

Chez les natures sensibles, l'âme est une mer changeante, sur laquelle la lumière des choses se reflète chaque jour avec des nuances différentes. (Aphorismes du temps présent )

C'est de l'âme des morts que l'âme des vivants est formée; c'est en nous-mêmes et non dans les cimetières que reposent en réalité les disparus. Chaque être venu à la lumière a derrière lui de longs siècles d'existence et reste toujours influencé par son passé. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

Âme nationale

L'âme d'un peuple représente une accumulation d'éléments ancestraux stabilisés par les siècles. Sur ce roc solide flottent les éléments mobiles des âmes individuelles créées par l'éducation et le milieu. (Hier et demain)

Le hasard des conquêtes peut courber sous une seule domination plusieurs peuples différents. Des siècles de croisements et de conditions d'existence identiques leur sont nécessaires pour acquérir une âme nationale. (Aphorismes du temps présent)

Amis

Le caractère et l'intelligence étant rarement réunis, il faut se résigner à choisir ses amis pour leur caractère et ses relations pour leur intelligence. (Aphorismes du temps présent)

Amitié

L'amitié est plus souvent une porte de sortie qu'une porte d'entrée de l'amour. (Aphorismes du temps présent)

On n'est pas toujours digne de l'amour qu'on provoque, on l'est généralement des amitiés qu'on inspire. (Aphorismes du temps présent)

Amour

L'amour craint le doute, cependant il grandit dans le doute et périt souvent de la certitude. (Aphorismes du temps présent)

Vouloir retenir un amour qui meurt, c'est prétendre ralentir le cours des jours. (Aphorismes du temps présent)

Amour-propre

Les blessures d'amour-propre sont celles dont le souvenir s'efface le moins. (La Révolution française et la psychologie des révolutions)

Anarchie

Les révolutionnaires russes ont oublié de méditer ce mot de Napoléon : « L'anarchie ramène toujours au pouvoir absolu. » (Hier et demain)

L'anarchie est partout quand la responsabilité n'est nulle part. (Hier et demain)

Le laxisme de l'exécutif ne saurait durer longtemps. Quand l'anarchie grandit sans cesse et que le parti de l'ordre faiblit, c'est l'anarchie qui finit par triompher. (La Psychologie politique et la défense sociale)

Antipathie

Nous sommes maîtres de notre vie intellectuelle, non de notre vie affective. Sympathie et antipathie se refrènent mais ne se commandent pas. (Opinions et croyances)

Apparences

Nous vivons dans un monde d'apparences dont l'illusoire interprétation reste toujours à la mesure de notre intelligence. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

Arabes

On constate que le Moyen Âge ne connut l'Antiquité classique que par les Arabes ; que pendant cinq cents ans, les universités de l'Occident vécurent exclusivement de leurs livres, et qu'au triple point de vue matériel, intellectuel et moral, ce sont eux qui ont civilisé l'Europe. Quand on étudie leurs travaux scientifiques et leurs découvertes, on voit qu'aucun peuple n'en produisit d'aussi grands dans un temps aussi court. Lorsqu'on examine leurs arts, on reconnaît qu'ils possédèrent une originalité qui n'a pas été dépassée. L'ardeur qu'ils apportèrent dans l'étude est véritablement frappante, et si, sous ce point de vue, plusieurs peuples les ont égalés, il n'en est pas peut-être qui les ait surpassés. Lorsqu'ils s'emparaient d'une ville, leur premier soin était d'y fonder une mosquée et une école. (La Civilisation des Arabes)

L'idéal créé par Mahomet fut exclusivement religieux, et l'empire fondé par les Arabes présente ce phénomène particulier, d'avoir été le seul grand empire uniquement établi au nom d'une religion, et faisant dériver de cette religion même toutes ses institutions politiques et sociales. (La Civilisation des Arabes)

Au point de vue de la civilisation, bien peu de peuples ont dépassé les Arabes et l'on n'en citerait pas qui ait réalisé des progrès si grands dans un temps si court. Au point de vue religieux, ils ont fondé une des plus puissantes religions qui aient régné sur le monde, une de celles dont l'influence est la plus vivante encore. Au point de vue politique, ils ont créé un des plus gigantesques empires qu'ait connus l'histoire. Au point de vue intellectuel et moral ils ont civilisé l'Europe. Peu de races se sont élevées plus haut, mais peu de races sont descendues plus bas. Aucune ne présente d'exemple plus frappant de l'influence des facteurs qui président à la naissance des empires, à leur grandeur et à leur décadence. (La Civilisation des Arabes)

Leur acceptation tranquille de la vie leur a donné une sérénité d'esprit très voisine du bonheur alors que nos aspirations et nos besoins factices nous ont conduits à un état d'inquiétude permanente qui en semble fort éloigné. [...] Il est facile de critiquer cette résignation philosophique et d'en montrer les inconvénients ; on ne peut cependant méconnaître que les penseurs qui ont étudié le mieux l'envers des choses n'ont pas réussi encore à découvrir de conception plus sage de la vie. Une constitution mentale qui donne à l'homme le bonheur n'est pas à dédaigner alors même qu'elle ne serait pas toujours favorable aux progrès de la civilisation. (La Civilisation des Arabes)

Quand on considère la prospérité brillante que firent régner les disciples du prophète dans des pays plongés avant eux dans la barbarie, on peut dire que l'activité qui entraîne les hommes vers le progrès n'a jamais été poussée chez aucune race* aussi loin que chez les Arabes. (La Civilisation des Arabes)

* « Race », au sens que Le Bon donnait à ce terme, à savoir race psychologique et non biologique, communauté humaine caractérisée par sa culture, sa langue, ses croyances, ses mœurs, ses valeurs, ses idéaux, etc., tous fruits de sa lointaine histoire. La remarque vaut pour l’ensemble du recueil.

Arabe (langue)

On peut faire à l'égard de la langue arabe la remarque faite à l'égard de la religion ; c'est, qu'alors que les conquérants qui ont précédé les Arabes n'ont jamais pu imposer leur langue, ces derniers ont réussi à faire accepter la leur. Devenue la langue universelle de tous les pays où ils ont pénétré, elle a supplanté les idiomes précédemment parlés, tels que le syriaque, le grec, le copte, le berbère, etc. (La Civilisation des Arabes)

Aristocratie

L'aristocratie de la fortune s'est substituée à celle de la naissance et ses privilèges ne sont pas moindres. (La Révolution française et la psychologie des révolutions)

Les aristocraties ont pris des formes diverses : naissance, talent, fortune mais le monde ne s'en est jamais passé. (Aphorismes du temps présent)

Armature sociale

Lorsqu’une catastrophe met en évidence l’usure et par conséquent l’insuffisance d’une ancienne armature sociale, la nécessité de la transformer s’impose. Bien dirigée, cette difficile opération rend à la société ébranlée une vie nouvelle. Mal conduite, et ce cas est le plus fréquent, elle engendre une anarchie qui, pour certains peuples, a marqué la fin de leur histoire. (Hier et demain)

Armée

Une armée qui n'est plus le soutien d'une société en devient vite le danger. (Psychologie de l'éducation)

Une armée dirigée par des chefs compétents manifeste des qualités de courage, de patience, de dévouement, que ne possède jamais au même degré chacun des hommes qui la constituent. (Premières conséquences de la guerre)

Art

L'art n'est plus qu'une industrie inférieure quand il cesse d'être l'expression des besoins, des idées et des sentiments d'une époque. (Comment les peuples transforment leur civilisation et leurs arts)

L'homme, confiné par la nature dans l'éphémère, rêve d'éternité. En élevant des temples et des statues, il se donne l'illusion de créer des choses que le temps n'altèrera pas. (Aphorismes du temps présent)

Asiatiques

Les Asiatiques ne nous envient nullement notre civilisation ; et ce sont surtout ceux ayant visité l'Europe qui nous l'envient le moins. L'opinion qu'ils rapportent de ces voyages est tout autre que nous n'aimons le supposer. À les en croire, l'introduction de la civilisation européenne en Orient serait la pire des calamités. Ceux qui sont lettrés citent volontiers l'Inde comme exemple. Tous, du reste, sont unanimes à soutenir que les Orientaux sont beaucoup plus heureux, plus honnêtes et plus moraux que les Européens tant qu'ils ne se trouvent pas en contact avec ces derniers. (La Civilisation des Arabes)

Les Orientaux n'ont que faire d'une civilisation adaptée à des idées, des sentiments, des besoins qui ne sont pas les leurs, et ont parfaitement raison de la rejeter. Quel intérêt pourraient-ils bien avoir, en effet, à renoncer à leurs institutions patriarcales, à leur existence heureuse et sans besoins, pour notre vie fiévreuse, nos luttes implacables, nos profondes inégalités sociales, le séjour misérable de l'usine et tous les besoins divers que les civilisations brillantes engendrent. (La Civilisation des Arabes)

Athéisme

Si l'athéisme se propageait, il deviendrait une religion aussi intolérante que les anciennes. (Aphorismes du temps présent)

Atrocités

Les actes de férocité dont est remplie la Bible ne sont pas tout à fait spéciaux aux Juifs, comme on l'a prétendu, car on les trouve chez la plupart des peuples. Il n'aurait pas de notre espèce une opinion très élevée, l'habitant d'une autre planète qui lirait, par exemple, le récit de la conquête du Mexique par les Espagnols, des atrocités commises par le clergé pendant l'Inquisition ou par les foules pendant les soulèvements populaires. (L'Homme et les sociétés)

Attention

L'aptitude à réfléchir implique toujours l'aptitude à l'attention. Capacité d'attention faible comporte faculté de réflexion médiocre. (Opinions et croyances)

Plus l'homme est susceptible d'attention, et par conséquent de réflexion, plus sa force intellectuelle est considérable. Un Newton sans grande capacité d'attention n'est pas concevable. L'intuition géniale qui apparaît brusquement a toujours été précédée d'une attention patiente et d'une longue réflexion. (Les opinions et les croyances)

Autocratie

Le danger de l'autocratie ne réside pas tant dans l'autocrate lui-même que dans les milliers d'individus se partageant son pouvoir et l'exerçant chacun comme un petit despote. (Aphorismes du temps présent)

Autorité

Quand le mépris des lois est général, que le principe d'autorité a disparu, l'écroulement d'une société est proche. (La Psychologie politique et la défense sociale)

La compétence sans autorité est aussi impuissante que l'autorité sans compétence. (Hier et demain)

Il n'y a pas de société possible sans principe d'autorité, de même qu'il n'existe pas de fleuve sans rives pour l'endiguer. (Aphorismes du temps présent)

Le plus sûr moyen de détruite le principe d'autorité est de parler à chacun de ses droits et jamais de ses devoirs. Tous les hommes sont prêts à exercer les premiers, très peu se préoccupent des seconds. (Aphorismes du temps présent)

En politique, l'autorité est précieuse, mais il suffit parfois de faire croire qu'on la possède. (La Psychologie politique et la défense sociale)

Une des principales causes de la décadence des civilisations, cause observée à tous les âges, fut l'évanouissement progressif du principe d'autorité et du prestige qui en découle. Que cette autorité soit celle des dieux, des coutumes ou des rois, elle seule peut donner à un peuple la cohésion sans laquelle il ne saurait durer. (Bases scientifiques d'une philosophe de l'histoire)

Autrui

Toute notre psychologie usuelle est basée sur cette hypothèse que tous les hommes éprouvent des sentiments identiques sous l’influence d’excitations semblables, et rien n’est plus erroné. […] Notre vision des choses est toujours une vision déformée, mais cette déformation, nous ne la percevons pas. Nous sommes même généralement persuadés qu’elle ne saurait exister ; aussi nous est-il à peu près impossible d’admettre que les autres hommes ne pensent et n’agissent pas exactement comme nous. (Les premières civilisations)

Supposer chez les autres des sentiments identiques à ceux qui nous mènent, c’est se condamner à ne jamais les comprendre. (Aphorismes du temps présent)

Avenir

L'avenir étant toujours chargé de passé, pour prévoir, c'est-à-dire voir en avant, il faut d'abord regarder en arrière. (Aphorismes du temps présent)

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