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L... comme liberté

 

Langage

À partir du jour où leurs premiers linéaments commencèrent à se former, les transformations des langues se continuèrent toujours. Une langue varie constamment avec l'état intellectuel et social du peuple qui la parle ; elle en suit toutes les transformations. La langue d'un peuple, à une époque donnée, est en rapport exact avec les idées et les besoins de cette époque. Ces idées et ces besoins viennent-ils à changer, la langue change avec eux. (L’Homme et les sociétés)

La langue d'un peuple est le miroir exact de sa civilisation. S'il ne restait d'une nation que le dictionnaire de sa langue, il serait facile de reconstituer avec exactitude le tableau fidèle de ce que cette nation a pu être. (L'Homme et les sociétés)

Légende

La légende est plus vraie que l'histoire. La première traduit les sentiments réels des peuples. La seconde raconte des évènements déformés par la mentalité de leurs narrateurs. (Aphorismes du temps présent)

Législateurs

Le rôle véritable des législateurs n'est que de fixer définitivement par leur autorité les coutumes à demi fixées déjà par l'opinion, d'éliminer enfin celles devenues inutiles ou dangereuses et qui sans eux auraient pu durer encore. Leur influence est importante sans doute, mais ne s'exerce qu'à la condition que les changements dus à leur initiative soient fort minimes. Tous pourraient répéter avec Solon : « J'ai donné aux Athéniens, non les meilleures lois qu'on puisse concevoir, mais les meilleures qu'ils puissent supporter. » Ces lois meilleures dues à Solon n'avaient été choisies par lui que parmi des coutumes antérieures que l'opinion et les croyances avaient déjà commencé à fixer. (La Civilisation des Arabes)

Liberté

On rencontre beaucoup d'hommes parlant de liberté, mais on en voit très peu dont la vie n'ait pas été principalement consacrée à se forger des chaînes. (Hier et demain)

La liberté n'est, le plus souvent, pour l'homme que la faculté de choisir sa servitude. (Les Incertitudes de l'heure présente)

Libertés (publiques)

De sa naissance à sa mort, l'homme moderne est enveloppé d'un réseau de règlements, de contraintes et d'obligations l'asservissant de plus en plus. Toute commodité créée par la civilisation entraîne une complication nouvelle de la vie et, par conséquent, un asservissement nouveau. Chaque jour grandit la collection de règles, de lois, qui paralysent les dernières initiatives survivant encore. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

La restriction progressive de toutes les libertés chez certains peuples, malgré une licence qui leur donne l’illusion de les posséder, semble résulter de leur vieillesse tout autant que d’un régime quelconque. Elle constitue un des symptômes précurseurs de cette phase de décadence à laquelle aucune civilisation n’a pu échapper jusqu’ici. (Psychologie des foules)

Libre arbitre

Véritable pantin, qui ignore l'existence des fils qui le font mouvoir, l'homme est bien souvent le jouet de causes dont la faiblesse de ses jugements peut seule l'empêcher de soupçonner la force. (La Vie, Physiologie humaine appliquée à l'hygiène et à la médecine)

Nous pouvons faire ce que nous voulons, mais à chaque moment de notre existence nous ne pouvions précisément vouloir que ce que nous avons voulu. [...] Il est facile sans doute de supposer après coup qu'on aurait pu agir autrement qu'on ne l'a fait, mais ce n'est qu'à la condition de supposer des antécédents autres que ceux qui ont servi de guide. Certes on peut bien admettre qu'un criminel aurait pu ne pas commettre le crime qu'il a commis ; mais il faut supposer aussitôt ou qu'il aurait possédé la force de caractère nécessaire pour ne pas l'accomplir, ou qu'il aurait obéi à certains motifs plus puissants que ceux qui l'ont poussé à agir, et, par ces suppositions, nous changeons immédiatement la série des antécédents qui l'ont amené à commettre son crime. Supposer qu'un même homme, placé dans des circonstances semblables, puisse agir tantôt d'une façon, tantôt de l'autre, c'est comme vouloir s'attendre à ce que le même arbre qui, l'été dernier, a porté des cerises, puisse, l'été prochain, porter des poires. (L'Homme et les sociétés)

Livre d'histoire

Ce que contient souvent de plus sûr un livre d'histoire n'est pas le récit des événements, mais la mentalité de l'écrivain qui les raconte. (Hier et demain)

Lois

Les lois ne sont efficaces qu'à la condition de suivre les coutumes sans chercher à les précéder. Leur rôle est de sanctionner des usages et non de les créer. (Hier et demain)

Les hommes en société ne pouvant vivre sans tyrannie, la plus acceptable est encore celle des lois. (Aphorismes du temps présent)

Parmi les causes de destruction menaçant les civilisations trop vieilles, on peut citer l'accumulation des règlements régissant la vie sociale. Ils paralysent les libertés, les initiatives, et finalement la volonté d'agir. (Hier et demain)

De sa naissance à sa mort, l’homme moderne est enveloppé d’un réseau de règlements, de contraintes et d’obligations l’asservissant de plus en plus. Toute commodité créée par la civilisation entraîne une complication nouvelle de la vie et, par conséquent, un asservissement nouveau. Chaque jour grandit la collection de règles, de lois, qui paralysent les dernières initiatives survivant encore. (Bases scientifiques d’une philosophie de l’Histoire)

La création de lois et de règlements restrictifs entourant des formalités les plus byzantines les moindres actes de la vie, a pour résultat fatal de rétrécir progressivement la sphère dans laquelle les citoyens peuvent se mouvoir librement. Victimes de cette illusion qu’en multipliant les lois, l’égalité et la liberté se trouvent mieux assurées, les peuples acceptent chaque jour de plus pesantes entraves. (Psychologie des foules)

Un véritable progrès ne serait pas d'édicter de nouvelles lois, mais d'en supprimer un grand nombre. (Hier et demain)

Lois économiques

Jamais époque ne fut soumise autant que la nôtre aux lois économiques. Jamais pourtant les peuples ne se sont autant insurgés contre elles. L'Europe assiste précisément aujourd'hui à une conflagration violente entre les nécessités économiques et les sentiments de droit et de justice que viennent heurter ces lois. (Le déséquilibre du monde)

Lois universelles

Les lois naturelles fonctionnent avec la régularité d'un engrenage. Nous protestons contre leur rigueur quand elles s'opposent à nos sentiments, mais ces protestations sont vaines. (Le déséquilibre du monde)

Nous ne pouvons concevoir dans l'immense univers, depuis les mouvements d'un grain de sable jusqu'aux évolutions les plus hautes des sociétés humaines, aucun phénomène qui ne soit pas l'expression de lois inflexibles auxquelles aucun être ne saurait se soustraire. (L'Homme et les sociétés)

Loquacité

L'abondance de paroles inutiles est un symptôme certain d'infériorité mentale. (Hier et demain)

Longévité

La durée de la vie ne dépend pas du nombre des jours, mais de l'intensité et de la diversité des sensations accumulées pendant ces jours. (Aphorismes du temps présent)

Lucidité

L'homme de science vraiment digne de ce nom est celui qui, dédaignant les illusions dont se repaît la foule, ne détourne jamais la tête devant la vérité et sait contempler d'un oeil calme la réalité des choses, quelque dure que cette réalité puisse être. (L'Homme et les sociétés)

Peu de gens savent voir les choses comme elles sont. Les uns aperçoivent seulement ce qu'ils veulent voir, les autres ce qu'on veut leur faire voir. (Aphorismes du temps présent)

Lutte des classes

Chaque fois que dans une société, une classe sociale quelconque voit, pour une raison ou une autre son influence s’accroire, elle tend aussitôt à devenir prépondérante et à asservir les autres. (La Psychologie politique et la défense sociale)

Si la haine des classes persiste, elle engendrera inévitablement une ruine générale et une décadence sans remède. (Psychologie des temps nouveaux)

Dans de tels pays [les pays anglo-saxons, et plus particulièrement les USA], les hommes se croient égaux parce que tous ont la notion qu’ils sont libres d’atteindre les mêmes sommets. L’ouvrier sait pouvoir devenir contremaître, puis ingénieur. Obligé de commencer par les échelons inférieurs, au lieu de débuter comme en France par les échelons supérieurs, l’ingénieur ne se suppose pas d’une autre essence que le reste des hommes. Il en est de même dans toutes les professions. C’est pourquoi les haines de classes, si intenses chez nous, sont peu développées en Angleterre et en Amérique. En France, la démocratie ne se pratique guère que dans les discours. Le système de concours et d’examens qu’il faut subir pendant la jeunesse, ferme rigoureusement l’entrée des carrières et crée des classes ennemies séparées*. (La Révolution française et la psychologie des révolutions)

* Ces lignes datent de 1912.

Inutile de prêcher aux hommes qu'ils sont frères, chacun sachant bien que ce n'est pas vrai. Plus inutile encore de les exhorter à des luttes de classes. Elles sont créatrices de ruines réciproques. Il faut simplement leur prouver qu'ils ont intérêt à s'aider en associant leurs efforts. (Hier et demain)

À tous les âges, chez tous les peuples, sous toutes les latitudes, hier comme aujourd'hui, des luttes de classes déterminent fatalement la ruine des peuples qui en sont victimes. Il faut donc considérer comme grands bienfaiteurs de l’humanité les hommes découvrant les moyens d’éviter de telles luttes. (L’évolution actuelle du monde)

Luttes intestines

Si nous continuons à briser notre cohésion par des luttes intestines, des rivalités de partis, de basses persécutions religieuses, des lois entravant le développement industriel, notre rôle dans le monde sera vite terminé. Il faudra céder la place à des peuples solidement agrégés, ayant su s’adapter aux nécessités naturelles au lieu de prétendre remonter leur cours. (La Révolution française et la psychologie des révolutions)

Il ne serait pas inutile de rappeler par une inscription gravée dans l'enceinte des parlements que les peuples n'ayant pas su, comme jadis les Grecs et plus tard les Polonais, renoncer à leurs luttes intestines, finirent par la servitude et perdirent jusqu'au droit d'avoir une histoire. (Hier et demain)

Luxe

Dans les civilisations modernes, le besoin du luxe, ou tout au moins de ses apparences, est souvent plus impérieux que celui du nécessaire. (Hier et demain)

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