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N... comme nécessité

 

Nationalité

Si nous voulons juger de la valeur actuelle d’une conception politique pour laquelle tant d’hommes sont morts et sont destinés à mourir, nous pouvons dire que le principe des nationalités, avec les fragments de vérité qu’il contient, et les espérances qu’il fait luire, appartient à la famille des grandes illusions mystiques qui, à certaines périodes de l’histoire, ravagent le monde et transforment la vie des peuples. (Psychologie des temps nouveaux)

Nations

Les grandes nations modernes sont des agrégats de races diverses, dont l'âme a été unifiée par un long passé de vie commune, d'intérêts, de croyances et de sentiments identiques. (Hier et demain)

On ne stabilise pas plus une nation qu’on ne stabilise l’évolution de la vie. (L’évolution actuelle du monde)

Le principe des nationalités pouvait être invoqué utilement autrefois. Mais, depuis plusieurs siècles, il s’est vu remplacé par un principe beaucoup mieux adapté aux nouveaux besoins, celui de la concentration des petits États en grands États. (Bases scientifiques d’une philosophie de l’Histoire)

Nature

Rien ne meurt dans la nature. La matière est éternelle et éternelles les métamorphoses auxquelles elle est soumise. (De la Mort apparente et des inhumations prématurées)

Dans l'ordre naturel, la force seule est reine, et il n'y a d'autres droits que ceux que l'individu peut faire valoir les armes à la main. La nature n'est pas une mère bienfaisante veillant avec un soin égal sur tous les êtres enfantés par elle. C'est une marâtre barbare, qui sacrifie toujours sans pitié les faibles au profit des forts, et ne sait réaliser les perfectionnements des êtres que par ces sacrifices mêmes. Tout n'est pas bien sortant de ses mains, comme le voulait Rousseau, et l'histoire de l'humanité n'est que la longue épopée des luttes soutenues contre elle. (L'Homme et les sociétés)

On peut affirmer que l'histoire du monde n'a nulle part été interrompue brusquement, et que la nature n'a jamais procédé par bonds. (L'Homme et les sociétés)

La nature impose toujours aux êtres cet impérieux dilemme : s'adapter ou disparaître. (Psychologie des temps nouveaux)

Nécessité

Le rôle de la nécessité comme élément créateur apparaît dans tous les phénomènes de la nature. Cette notion moderne ne correspond nullement à l'antique idée de fatalité. Elle signifie simplement que chaque phénomène est rigoureusement déterminé par certaines causes. Le noir charbon devient nécessairement un diamant scintillant quand se manifestent certaines conditions de milieu. L'eau devient nécessairement liquide, solide ou gazeuse sous des influences fixes. Cette notion de nécessité ne constitue pas d'ailleurs une simplification des phénomènes. Leur interprétation est bien plus compliquée en réalité qu'à l'époque où la divine providence fournissait une explication universelle des choses. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

Ce qui est vrai pour l'univers et les êtres qui l'habitent, est vrai également pour les sociétés ; dans leur évolution les secondes obéissent, comme les premiers, à des lois rigoureuses ; les évènements humains forment une trame de nécessités dont chaque anneau est aussi étroitement lié à ceux qui le précèdent qu'à ceux qui le suivent ; les sociétés actuelles sont les résultats nécessaires d'un passé d'une immense longueur, et portent en elles le germe de toutes les transformations qu'elles sont fatalement destinées à subir encore. (L'Homme et les sociétés)

L'homme, jadis gouverné par ses dieux et ses rois, est régi désormais par un engrenage de nécessités qui ne fléchissent pas. Les conditions d'existence de chaque pays deviennent toujours davantage subordonnées aux lois imposées par les relations commerciales et industrielles entre les peuples. (Psychologie de l'éducation)

Cette notion de nécessité, que toutes les découvertes de la science moderne tendent de plus en plus à établir, n’est pas une théorie vaine, sans utilité pour tous. Elle nous enseigne au moins la tolérance, et permet d'aborder l'étude des phénomènes sociaux avec la froideur du chimiste analysant un corps ou recherchant la densité d'un gaz. Elle nous apprend à ne pas plus nous irriter devant les événements qui choquent nos idées que le savant devant le résultat imprévu d'une expérience. Il n'y a pas pour le philosophe d’indignation possible contre des phénomènes soumis à d’inéluctables lois. On doit se contenter de les constater, dans la persuasion que rien n'aurait pu les empêcher de se produire. (Psychologie du socialisme)

Niveau de vie

Sans remonter aux âges où l’homme, réfugié au fond des cavernes disputait aux bêtes sa maigre pitance et leur servait souvent de pâture, rappelons-nous que nos pères ont connu l’esclavage, les invasions, les famines, les guerres de toute sorte, des épidémies meurtrières, l’Inquisition, la Terreur, etc. N’oublions pas que, grâce aux progrès des sciences et de l’industrie, à l’élévation des salaires et au faible coût des produits manufacturés, l’individu le plus humble vit aujourd'hui avec plus de confort qu’un gentilhomme féodal dans son manoir, toujours menacé de pillage et de destruction par ses voisins. Le dernier des paysans actuels possède une foule de commodités que Louis XIV, avec tout son faste, n’a jamais connues. (Psychologie du socialisme)

Nomades

Pour eux, s'attacher à la terre c'est dire adieu à la liberté, l'homme fixé au sol étant fatalement destiné à avoir bientôt un maître. Le nomade ne possède que sa liberté, mais ce bien est supérieur pour lui à tous les autres et il a su le conserver intact à travers les âges. Tous les conquérants : grecs, romains, perses, etc., qui ont dominé le monde n'ont jamais pu l'asservir. Toute domination des nomades sera toujours éphémère et ne pourra même s'établir d'une façon éphémère qu'à la condition que les nomades soient combattus par des nomades. (La Civilisation des Arabes)

Vouloir obliger des nomades, chez lesquels l'hérédité a fixé des habitudes devenues une seconde nature, à mener une vie sédentaire et à se livrer à l'agriculture, serait aussi difficile que d'empêcher un chien de chasse de suivre le gibier. Une telle entreprise est l'œuvre des siècles, non celle d'un jour. (La Civilisation des Arabes)

Nombre

La civilisation décline quand l'individu revient à l'état grégaire, c'est-à-dire se soumet de plus en plus à l'influence du nombre. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

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