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R... comme révolution

 

Race*

C'est en vain qu'on demanderait aux caractères anatomiques les moyens de différencier les races. La couleur de la peau ou des cheveux, la forme ou le volume du crâne ne permettent que des catégories grossières. La psychologie seule permet de distinguer les différences existant entre les diverses races. (L'influence de la race dans l'histoire)

Par suite des croisements innombrables effectués depuis des siècles, il n'existe actuellement à la surface du globe qu'un bien petit nombre de races qu'on puisse considérer comme pures. Les habitants d'une contrée quelconque sont généralement le résultat d'un mélange d'éléments fort complexes d'origines très diverses. (L'Homme et les sociétés)

* « Race », au sens que Le Bon donnait à ce terme, à savoir race psychologique et non biologique, communauté humaine caractérisée par sa culture, sa langue, ses croyances, ses mœurs, ses valeurs, ses idéaux, etc., tous fruits de sa lointaine histoire. La remarque vaut pour l’ensemble du recueil.

Radicalisme (extrémisme)

Le radicalisme durera longtemps sans doute, parce que la nature humaine suppose volontiers que des mesures simples et violentes peuvent remédier instantanément à des maux résultant, en réalité, d’un ensemble de causes lointaines et profondes. (Les incertitudes de l’heure présente)

Raison

Ce n'est pas avec la raison, c'est le plus souvent contre elle, que s'édifient les croyances capables d'ébranler le monde. (Hier et demain)

Dans sa lutte éternelle contre la raison, le sentiment n'a jamais été vaincu. (Psychologie des foules)

La raison n'intervient guère dans la plupart de nos résolutions et de nos actions que pour trouver après coup des motifs pour les justifier, et, dupe d'une vaine illusion, elle prend ces justifications pour les motifs mêmes qui les ont causées. (L'Homme et les sociétés)

C'est la passion, et non la froide raison, qui conduit les foules. La raison peut instruire l'homme, elle ne saurait créer une religion pour lui. C'est aux hallucinés qu'appartient ce rôle. Le monde n'en a jamais manqué. (L'Homme et les sociétés)

À n'écouter que la raison, quel est l'homme qui consentirait à consacrer son existence à la poursuite de chimères dont il connaît la vanité aussitôt qu'il peut les atteindre ? (L'Homme et les sociétés)

Ratiocinations

Les dissertations sur la vanité des choses et sur les mystères qui nous enveloppent ne doivent pas trop retenir nos pensées. La vraie sagesse est de suivre sa destinée, sans se préoccuper des buts mystérieux d'un univers que nous ne comprenons pas. Que serait la vie des éphémères ne vivant qu'un jour s'ils employaient leur temps à disserter sur la brièveté de ce seul jour ? (Hier et demain)

Recherche (scientifique)

Il importe peu, en réalité, que celui qui a semé ne récolte pas. Il suffit que la récolte grandisse. De toutes les occupations pouvant remplir les heures si brèves que la vie nous accorde, nulle ne vaut la recherche de vérités ignorées, l’ouverture de sentiers nouveaux dans l’inconnu immense et ténébreux dont nous sommes enveloppés. (Revue Scientifique)

Récriminer

C'est du besoin de récriminer que dérivent la plupart des opinions populaires. Pour beaucoup d’esprits, récriminer représente un grand bonheur, souvent même le seul bonheur. (Les Incertitudes de l'heure présente)

Réformes

Ce n’est pas d’une révolution, mais d’une transformation profonde des idées que résultent les réformes durables. (Les incertitudes de l’heure présente)

Regarder

Quel est l’homme qui ne se trouve pas plus grand lorsqu’il regarde au-dessous de lui ? Ceux qui regardent au-dessus d’eux sont toujours pauvres. (Hitopadésa, cité par Le Bon in Bases scientifiques d’une philosophie de l’Histoire)

Règlements

Parmi les causes de destruction menaçant les civilisations trop vieilles, on peut citer l’accumulation des règlements régissant la vie sociale. Ils paralysent les libertés, les initiatives, et finalement la volonté d’agir. (Hier et demain)

Relations

Le caractère et l'intelligence étant rarement réunis, il faut se résigner à choisir ses amis pour leur caractère et ses relations pour leur intelligence. (Aphorismes du temps présent)

Relations commerciales

Les multiples moyens actuels de communication ont rendu les peuples tellement solidaires que l'action de leur gouvernement est souvent inférieure à celle de leurs relations commerciales. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

Relations internationales

Si, dans leurs relations, les individus se conduisaient avec autant de mauvaise foi et de méfiance que les peuples entre eux, aucune société ne pourrait durer. (Les Incertitudes de l'heure présente)

Si la raison pouvait exercer un rôle quelconque sur les relations entre les peuples, ils seraient vite persuadés que leur intérêt est de s’entraider au lieu de s’entre-détruire. (Les Incertitudes de l'heure présente)

Empêcher la violence de rester la loi définitive des relations entre peuples constituera peut-être le plus difficile problème de l’avenir. Aucun progrès de la civilisation ne sera cependant possible s’il n’est résolu. (Gustave Le Bon, Hier et demain)

Religion(s)

En donnant aux hommes l'espoir d'une éternité heureuse, les religions ont été beaucoup plus utiles à l'humanité que toutes les philosophies réunies. (Aphorismes du temps présent)

Il n'y a guère de religions dont les principes moraux ne soient excellents. Ce qu'il importe de connaître quand on étudie un peuple, ce ne sont pas les vertus qu'on lui enseigne, mais bien celles qu'il pratique. L'observation démontre que la ressemblance existant entre les premières et les secondes est généralement très faible. (La Civilisation des Arabes)

Il suffit d'avoir un peu parcouru le monde, et étudié les hommes ailleurs que dans les livres, pour reconnaître que la religion est tout à fait indépendante de la morale. S'il y avait parenté réelle entre elles, les peuples les plus religieux seraient les plus moraux ; et il s'en faut de beaucoup, en réalité, qu'il en soit ainsi. [...] Toutes les religions ont des principes de morale excellents, et s'ils étaient observés, l'âge d'or régnerait sur la terre. (La Civilisation des Arabes)

Les religions constituent une force à utiliser non à détruire. L'histoire montre que c'est avec leur appui que les grandes civilisations se sont créées. Créatrices d'espoirs, soutiens des faibles et des déshérités, elles furent toujours l'asile de ceux que le destin condamnait à souffrir. Seules, elles ont su adoucir la désespérante horreur de la mort. (La Psychologie politique et la défense sociale)

Religiosité

L'homme réussira-t-il jamais à se soustraire à ce besoin religieux qui est au fond de lui-même ? Cela est bien douteux, et sans doute le dernier homme exhalera son dernier soupir en invoquant encore ces vains mais puissants fantômes que sont les dieux. (L'Homme et les sociétés)

Remords

Le remords, sentiment individuel, est ignoré des collectivités. Les pires crimes d’une nation trouvent chez elle autant de défenseurs que ses vertus. (Hier et demain)

Repos

L’instabilité et la lutte sont les lois de la vie. Le repos, c’est la mort. (Hier et demain)

Répression

Peut-on compter sur l'action de lois répressives pour stabiliser la conduite ? L'expérience a, depuis longtemps, négativement répondu. Les lois répressives constituent même une des plus dangereuses illusions de l'âge moderne. Les statistiques démontrent, en effet, que nos sanctions juridiques n'ont d'autre résultat que de créer des récidivistes, ce qui est le contraire du but proposé. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

Les neuf dixièmes des criminels n’étant pas améliorables et le nombre des récidivistes augmentant constamment et se montrant de plus en plus dangereux après chaque condamnation, les codes de l’avenir se borneront, comme je le soutiens depuis longtemps, à ces deux sanctions : premier délit, condamnation avec sursis ; second délit, déportation dans une colonie lointaine. (Bases scientifiques d’une philosophie de l’Histoire)

Résistance

La force de résistance d'un peuple grandit immensément quand il a pour ennemi un dévastateur sans pitié, menaçant les faibles d'une servitude sans espoir. (Hier et demain)

Restauration

Un monarque se renverse facilement, mais les principes qu’il représentait survivent à sa chute. C'est pourquoi la plupart des révolutions sont suivies de restaurations. (Aphorismes du temps présent)

Révolutions(s)

Les révolutions n'ont généralement pour résultat qu'un déplacement de servitude. (Aphorismes du temps présent)

Une révolution ne fait que substituer un nouvel arbitraire à l'ancien. (Hier et demain)

Une révolution, à ses débuts, ne se gouverne pas plus qu'une avalanche pendant sa chute. (Hier et demain)

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les peuples très conservateurs sont voués aux révolutions les plus violentes. Étant conservateurs, ils n’ont pas su évoluer lentement pour s’adapter aux variations de milieux et quand l’écart est devenu trop grand, ils sont obligés de s’y adapter brusquement. (La Révolution française et la psychologie des révolutions)

Les peuples ont subi de nombreux bouleversements, mais on n’en peut citer aucun ayant vécu longtemps dans un état de révolution permanente, comme celui où nous semblons entrer*. (La Psychologie politique et la défense sociale)

* Rappelons que ces lignes ont été rédigées en 1910.

Les révolutions enrichissent quelques-uns des chefs qui leur survivent, mais elles augmentent invariablement la misère des foules qui les ont réalisées. Cette vérité étant inaccessible aux multitudes, les meneurs révolutionnaires pourront continuer longtemps à bouleverser le monde. (Les incertitudes de l’heure présente)

Les seules vraies révolutions sont celles qui renouvellent les croyances fondamentales d'un peuple. Elles ont toujours été fort rares. Seul, ordinairement, le nom des convictions se transforme. La foi change d'objet, mais ne meurt jamais. (Opinions et croyances)

Les brusques révolutions politiques, qui frappent le plus les historiens, sont parfois les moins importantes. Les grandes révolutions sont celles des mœurs et des pensées. (La Révolution française et le psychologie des révolutions)

Révolution russe

La Révolution russe a simplement substitué à un rigoureux régime un régime plus dur encore. Elle a de nouveau montré que les peuples ont les gouvernements qu'ils méritent*. (Hier et demain)

* Lignes écrites en 1918.

L’expérience russe* aura définitivement prouvé qu’un gouvernement bourgeois, si médiocre qu’on le suppose, est infiniment moins despotique qu’un gouvernement prolétaire, si parfait qu’il puisse être. (Les Incertitudes de l'heure présente)

* Lignes écrites en 1924

Seule, la Russie a semblé faire triompher les théories conférant le droit de gouvernement au nombre*. Mais en réalité, elle ne se maintient que parce que le nombre n'y possède aucune autorité réelle et que les formes de pouvoir y sont détenues par une dictature policière plus oppressive encore que celle des anciens tsars. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

* Rappelons que ces lignes ont été écrites en 1931.

Révolution scientifique

L'histoire ne s'occupe guère que des révolutions politiques, mais ce sont seulement les révolutions scientifiques et industrielles qui exercent une influence durable dans l'existence des hommes. (L’Homme et les sociétés)

Les révolutions les plus sanglantes, les guerres les plus prolongées, n'ont jamais eu de résultats comparables à ceux des découvertes scientifiques de ce siècle, découvertes qui en présagent de plus influentes et de plus fécondes encore. (La psychologie du socialisme)

Risque (goût du)

L'amour du risque est un élément de notre nature. Il se traduit de diverses façons : jeu, chasses dangereuses, combats, explorations, etc. Aucun conquérant, aucun fondateur d'empire, n'atteignit le succès sans aventurer plusieurs fois sa fortune sur la table de jeu du destin. (Enseignements psychologiques de la guerre européenne)

Rites

Les rites et les symboles fondamentaux d'un peuple sont des créations de ses ancêtres. (Aphorismes du temps présent)

Les rites évitent à l'homme l'incertitude. Grâce à eux, il sait, sans réfléchir, ce qui doit être dit et fait en toutes circonstances. (Aphorismes du temps présent)

Routine

Quoique semblant parfois engendrer des résultats analogues, la routine et la persévérance ne sauraient être confondues. La routine venant surtout d’une inertie de la volonté, porte à réaliser l’action avec un minimum d’efforts. [...] Elle est constituée par une certaine paresse de la réflexion et de la volonté qui rend hostile aux idées nouvelles, aux innovations et conduit à faire toujours les choses de la même façon. La persévérance exige au contraire un grand développement de la volonté et de l’effort. [...] Hostile à toutes les initiatives, la routine crée vite la peur du risque et la terreur des responsabilités. Répandue chez les citoyens d’un pays, la routine s’étend bientôt des gouvernés aux gouvernants. On voit alors cas derniers hésiter devant les plus petites innovations, nommer, pour éviter les responsabilités, une foule de commissions et de sous-commissionsqui, le plus souvent, n’aboutissent qu’à des décisions incertaines. (Psychologie des temps nouveaux)

Russie soviétique

Les nations qu'on peut qualifier d'instables : russes et balkaniques par exemple, n'ont d'autre élément de fixité que la volonté transitoire de chefs assez forts pour imposer leurs lois. Avec la disparition de ces chefs, l'unification s'évanouit. Ainsi s'explique l'histoire de ces grands empires asiatiques dont la décadence fut aussi rapide que la grandeur. (Bases scientifiques d'une philosophie de l'Histoire)

La Russie* est la seule nation européenne qui pourra bénéficier de la grande lutte économique qui se prépare. (Revue Scientifique)

* Selon Le Bon, les autres superpuissances de l'avenir seraient les USA, la Chine et le Japon.

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