Historique
La première mention des Maristas dans la littérature pyrénéiste est à mettre à l'actif de l'écrivain Alfred Tonnellé (1831-1858). Simple touriste invité à séjourner chez des amis à Luchon durant l'été 1858, il tomba sous le charme de la montagne pyrénéenne et forma le projet d'explorer le Haut-Aragon. Il fit œuvre de défricheur en parcourant les vallées d'Ordesa, de Bielsa et de Gistain [Chistau], aussi inconnues que celles de la lune à cette date. Le 1er août 1858, il réalisa la première de Forcanada ou Malh des Pois (2.881 m) avec les guides de Luchon, Lafont, Ribis et Redonnet, dit« Nate ».
La fin de son périple en Aragon l'amena à Bielsa, d'où il prit la direction de l'hospice de Chistau en suivant peu ou prou l'itinéraire de l'actuel GR191 (accessible aux VTT), qui longe la crête des Maristas pour atteindre le collado de la Cruz de Guardia. « Nous franchissons la montagne de Malista , consigna-t-il, qui sépare les deux vallées [Bielsa & Chistau] . Le chemin suit un beau ravin latéral au-dessus de Bielsa. Monté au milieu d'une végétation touffue de buis puis parmi des pins magnifiques et vigoureux. Au-dessus nous suivons un grand col herbé [Cruz de Guardia], allongé, qui n'en finit pas. Dans l'herbe, grands chardons jaunes, comme des soleils d'or, comme de larges cœurs enflammés et rayonnants. Tout le temps qu'on monte, on a la plus admirable vue, quoiqu'un peu lointaine, mais complète et grandiose, sur la masse du Mont-Perdu. C'est le versant oriental qui se présente ici, l'effet de lumière est très beau, d'abord enveloppé d'un orage noir et épais, les nuages et les rochers se confondent, puis l'orage est balayé, toutes les crêtes se dégagent vigoureusement sur le ciel. Au bas s'étale la belle vallée de Pineta, avec le sillon d'argent qui la descend et dont les ombres passantes des nuages brunissent ou polissent la surface. »
Tonnellé rédigea en cours de route un carnet de voyage considéré depuis comme un classique du genre : Trois mois aux Pyrénées et dans le Midi en 1858 .