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Danger

Le plus grand danger d'être écrasé, on le court alors que l'on vient d'esquiver une voiture. (Humain, trop humain)

Danse

La danse sous toutes ses formes ne peut être exclue du cours de toute noble éducation : danser avec les pieds, avec les idées, avec les mots, et dois-je aussi ajouter que l'on doit être capable de danser avec la plume ? (Crépuscule des idoles)

C'est ainsi que je veux l'homme et la femme : l'un propre à la guerre, l'autre à l'enfantement – mais tous deux aptes à danser avec la tête et les jambes. Perdue est la journée où l'on n'a pas dansé une seule fois. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Darwinisme (struggle for life)

Pour ce qui est de la fameuse « lutte pour la vie », elle me semble jusqu'à présent plus souvent proclamée que prouvée. Elle peut avoir lieu, mais c'est l'exception : le caractère le plus général de la vie, ce n'est nullement la pénurie, la famine, c'est plutôt la richesse, l'opulence, et même l'absurde gaspillage – là où il y a lutte, c'est une lutte pour le pouvoir … Il ne faut pas confondre la nature avec Malthus. – Et même en admettant que cette lutte ait bien lieu – de fait, elle a parfois lieu –, son issue est contraire à celle que souhaite l'école de Darwin, et que l'on devrait peut-être souhaiter avec elle : elle se termine au détriment des forts, des privilégiés, des heureuses exceptions ! Ce n'est pas en perfection que croissent les espèces. Les faibles l'emportent le plus souvent sur les forts : ils ont pour eux le nombre – et sont surtout plus intelligents. Darwin a oublié l'esprit (c'est bien anglais !), or les faibles ont davantage d'esprit… Il faut avoir besoin d'esprit pour arriver à avoir de l'esprit – on le perd lorsqu'on n'en a plus besoin. Qui a la force se passe fort bien d'esprit. Par esprit, j'entends la prudence, la patience, la ruse, la dissimulation, l'empire sur soi, et tout ce qui est mimicry (à quoi il faut ajouter la prétendue vertu). (Crépuscule des idoles)

Décadence

Il ne faut chercher à combattre la décadence : elle nécessaire et propre à chaque époque, à chaque peuple. Ce qu'il faut combattre de toutes ses forces, c'est la contagion qui menace de s'étendre aux parties saines de l'organisme. (La Volonté de puissance)

Ne pas pouvoir en finir avec un événement, c'est déjà un signe de décadence. Ouvrir toujours de vieilles plaies, comme le fait le chrétien, se rouler dans le mépris de soi et la contrition, c'est là une maladie dont ne sortira jamais aucun salut de l'âme. (La Volonté de puissance)

A première vue, tout est décadence. Il faut diriger la destruction de telle sorte qu'elle rende possible, aux plus forts, une nouvelle forme d'existence. (Fragments posthumes)

Dégénérescence

Quand un peuple court à sa ruine, dégénère physiologiquement, il en résulte la luxure et le luxe (c'est à dire le besoin de sollicitations toujours plus vives et plus fréquentes, qu'éprouve tout tempérament épuisé). (Crépuscule des idoles)

La dégénérescence morale va de pair avec la dégénérescence physiologique. (La Volonté de puissance)

Déjeuner

Même pour l'homme pieux, le déjeuner quotidien a plus d'importance que la sainte Cène. (Fragments posthumes)

Démocratie (cf. suffrage universel)

La démocratisation de l'Europe nous prépare une pépinière de tyrans. (Fragments posthumes)

La démocratie moderne sera la forme historique de la décadence de l'Etat. (Humain, trop humain)

Les institutions démocratiques sont des mesures de quarantaine contre la vieille peste des appétits tyranniques, et comme telles, très utiles et très ennuyeuses. (Le Voyageur et son ombre)

Derniers homme(s)

Point de berger et un troupeau. Chacun veut la même chose, chacun est semblable à chacun, qui se sent différent se rend volontairement à l'asile d'aliénés. (Ainsi parlait Zarathoustra)

On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais l’on révère sa santé. « Nous avons inventé le bonheur », disent les derniers hommes et ils clignent des yeux. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Désert

Le désert croît : malheur à qui recèle des déserts ! (Ainsi parlait Zarathoustra)

Détachement

Fermer les yeux sur bien des choses, s'abstenir de les écouter, ne pas les laisser venir à soi, c'est le premier commandement de la sagesse, la première façon de se prouver qu'on n'est pas un hasard mais une nécessité. (Ecce homo)

Devenir

Deviens sans cesse celui que tu es, sois le maître et le sculpteur de toi-même. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Notre préoccupation la plus grave, c'est de comprendre que toute chose est en devenir, de nous renier nous-mêmes comme individus, de voir le monde par le plus grand nombre d'yeux possible. (La Volonté de puissance)

Diable

Le diable est celui qui a sur Dieu les plus vastes perspectives, c'est pourquoi il se tient si loin de lui – n'est-il pas le plus vieil ami de la connaissance ? (Par delà le bien et le mal)

Le diable n'est que le loisir hebdomadaire de Dieu. (Ecce homo)

Dialectique

Avec la dialectique, c'est la plèbe qui prend le dessus. (Crépuscule des idoles)

Dieu

Je ne croirai qu'en un Dieu qui saurait danser. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Où est la vérité : l'homme est-il une erreur de Dieu ou Dieu une erreur de l'homme ? (Correspondance)

Si c'est un Dieu qui a créé le monde, il a créé l'homme singe de Dieu , comme un motif perpétuel d'amusement dans ses trop longues éternités. (Le Voyageur et son ombre)

Dieu est l'alibi du diable. (Œuvres complètes)

Dieu est mort. (Le Gai savoir)

Bientôt deux millénaires et pas un seul nouveau Dieu ! (L'Antéchrist)

Dieux

Tous les dieux n'ont-ils pas été des diables dont on a fait des saints ? (Par delà le bien et le mal)

S'il existait des dieux, comment supporterais-je de n'être pas un dieu ? (Ainsi parlait Zarathoustra)

Dimanche

Les races laborieuses s'accommodent mal de l'oisiveté. Ce fut un trait de génie de l'instinct anglais que de faire du dimanche une journée si sainte et si ennuyeuse que l'Anglais en vient, inconsciemment, à souhaiter le retour de sa journée de travail. ( Par delà le bien et le mal )

Dionysos

Tout ce que nous appelons culture, formation intellectuelle, civilisation, comparaîtra un jour devant l'incorruptible juge Dionysos. (La Naissance de la tragédie)

Disciples (cf. maître)

Il y a des hommes qui refusent d'être vus autrement que comme une lueur filtrant à travers d'autres. C'est une marque de grande sagesse. (Aurore)

Ce sont toujours les parents qui sont élevés par les enfants. Il n'y a que nos œuvres et nos disciples pour donner au navire de notre vie le compas et la grande direction. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Comment ? Tu cherches à te multiplier par dix, par cent ? Tu cherches des disciples ? – Cherche plutôt des zéros  ! (Crépuscule des idoles)

Distinction

L'homme le plus vulgaire sent que la distinction ne s'improvise pas et qu'il doit révérer en elle le fruit du temps. (Le Gai savoir)

Doctrines

Le temps s'approche pour la domination de la terre. Elle sera menée au nom des doctrines philosophiques fondamentales. (Œuvres complètes)

Doléances

Les doléances ne valent jamais rien : elles sont dictées par la faiblesse. Que l'on attribue son mal-être aux autres ou à soi-même (le premier cas est celui du socialiste, le second, par exemple, celui du chrétien), cela revient pratiquement au même. Ce qu'il y a de vulgaire, et, disons-le, d'indigne dans ces deux cas, c'est d'attribuer à quelqu'un la responsabilité de sa souffrance, et de se prescrire à soi-même, pour la soulager, le miel de la vengeance. (Crépuscule des idoles)

Domination (appétit de)

Appétit de domination : le séisme qui brise et éventre tout ce qui est vermoulu et creux ; qui broie les sépulcres blanchis ; le point d'interrogation dont l'éclair jaillit à côté des réponses prématurées. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Douleur

La grande douleur est le dernier libérateur de l'esprit ; elle seule nous contraint à descendre dans nos dernières profondeurs. (Fragments posthumes)

Doute

Ce n'est pas le doute qui rend fou, c'est la certitude. (Œuvres complètes)

Dureté

Durcir lentement, comme une pierre précieuse, et demeurer là, serein, pour l'éternité. (Aurore)

Pourquoi si dur ? demanda un jour le charbon au diamant – ne sommes-nous pas de proches parents ? [...] L'extrême dureté, c'est seulement cela qui est le plus noble. Ô mes frères, je place au-dessus de vous cette table nouvelle : devenez durs  ! (Ainsi parlait Zarathoustra)

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