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Maître (cf. disciple)

Rien n'y fait : chaque maître n'a qu'un disciple et tôt ou tard celui-ci le trahira, car lui aussi est destiné à passer maître. (Opinions & sentences mêlées)

Maîtrise

La maîtrise est atteinte lorsque, dans l'exécution, on ne se trompe ni n'hésite. (Aurore)

Mal

Les grandes époques de notre vie sont celles où nous avons enfin le courage de déclarer que le mal que nous portons en nous est le meilleur de nous-mêmes. (Par delà le bien et le mal)

Malade(s)

Le malade est un parasite de la société. Passé un certain état, il est inconvenant de vivre plus longtemps. Continuer à végéter dans une lâche dépendance des médecins et de leurs pratiques, une fois que le sens de la vie, le droit à la vie est perdu, cela devrait susciter, de la part de la société, le mépris le plus profond. (Crépuscule des idoles)

Marche

Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose. (Crépuscule des idoles)

Mariage(s) (cf. ménages)

Mariage : c'est ainsi que j'appelle la volonté de créer à deux un être qui soit supérieur à la somme des deux parties. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Beaucoup de brèves folies – c'est ce que vous appelez l'amour. Et à ces folies le mariage met fin – par une longue sottise. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Veillez à la façon dont vous concluez vos mariages : à conclure trop vite on s'expose à la rupture. (Ainsi parlait Zarathoustra)

ll faut, au moment, de contracter mariage, se poser la question suivante : crois-tu pouvoir continuer à converser agréablement avec cette femme jusqu'à la vieillesse ? Hormis la conversation, tout est transitoire dans le mariage. (Humain, trop humain)

Les unions conclues par amour (ce qu'on appelle les mariages d'amour) ont l'erreur pour père et la nécessité pour mère. (Humain, trop humain)

Masses (cf. esclavage)

Les masses ne me paraissent présenter d'intérêt qu'à trois égards : premièrement, en tant qu'elles offrent l'image brouillée des grands hommes, tirée sur du mauvais papier et avec des plaques usées ; deuxièmement, en tant qu'elles opposent une résistance aux grands hommes ; et enfin, en tant qu'elles servent d'instruments aux grands hommes – pour le reste, qu'elles aillent au diable et à la statistique ! (Considérations intempestives)

Nous sommes à l'âge des masses, et les masses s'aplatissent devant tout ce qui a un caractère de masse. (Ecce homo)

Quand les masses commencent à se déchaîner et que la raison s'obscurcit, on fera bien, si l'on n'est pas très sûr de la santé de son âme, de s'abriter sous un porche pour observer le temps. (Opinions & sentences mêlées)

Au fond les masses sont prêtes à l'esclavage sous toutes ses formes, pourvu que celui qui est au-dessus d'eux affirme sans cesse sa supériorité – par la noblesse de la forme. (Le Gai savoir)

Maternité

Vénérez la maternité, le père n'est jamais qu'un hasard. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Méchanceté

La méchanceté est rare, la plupart des hommes sont bien trop occupés d'eux-mêmes pour être méchants. (Humain, trop humain)

Médecin (cf. malade)

J'incline à penser qu'un malade fait preuve de plus de légèreté en ayant un médecin qu'en veillant lui-même à sa santé. (Aurore)

Mémoire

« J'ai fait cela », dit ma mémoire. « Impossible », dit mon orgueil, et il s'obstine. En fin de compte, c'est la mémoire qui cède. (Par delà le bien et le mal)

L'avantage de la mauvaise mémoire, c'est qu'on jouit plusieurs fois des mêmes choses pour la première fois. (Humain, trop humain)

Le futur appartient à celui qui a la meilleure mémoire. (Œuvres complètes)

Ménages (cf. mariage)

Si les époux ne vivaient pas ensemble, les bons ménages seraient plus fréquents. (Humain, trop humain)

Mendiant(s)

Il faut supprimer les mendiants : on s'irrite de leur donner et on s'irrite de ne pas leur donner. (Aurore)

Si toutes les aumônes ne se faisaient que par commisération, les mendiants seraient, tous autant qu'ils sont, morts de faim. (Le Voyageur et son ombre)

Métier (cf. profession)

Un métier laisse la tête vide, c'est là sa grande bénédiction. C'est un rempart derrière lequel on peut se retrancher lorsque vous assaillent doutes et soucis de l'espèce commune. (Humain, trop humain)

Tout métier, fût-il mine d'or, a un ciel de plomb qui ne cesse de peser sur l'âme et finit par l'aplatir en une bizarre petite pelure. (Le Gai savoir)

Milieu

Il est toujours plus facile de se réfugier dans les attitudes radicales que de s’engager sur le périlleux chemin du juste milieu. (Correspondance)

Moi (cf. toi)

Le toi est plus vieux que le moi  ! Le toi est sanctifié, mais point encore le moi. Aussi l'homme s'empresse-t-il auprès de son prochain. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Si notre moi , selon Pascal et le christianisme, est toujours haïssable , comment pourrions-nous seulement permettre et accepter que d'autres l'aiment – qu'ils soient dieu ou homme ? (Aurore)

Jadis le moi se cachait dans le troupeau, à présent c'est le troupeau qui se cache au fond du moi. (La Volonté de puissance)

Monde (univers)

Le monde existe : il n'est pas quelque chose qui devient, quelque chose qui passe. Ou plus exactement, il devient, il passe, mais n'a jamais commencé à devenir, n'a jamais cessé de passer – il se conserve sous les deux formes. Il vit de lui-même : ses excréments sont sa nourriture. [...] Ce monde est un monstre de force sans commencement et sans fin, une quantité de force d'airain qui n'augmente ni ne diminue [...] entourée du néant comme d'une frontière. (La Volonté de puissance)

Monstre(s)

Quand on lutte contre des monstres, il faut prendre garde à ne pas devenir monstre soi-même. (Par delà le bien et le mal)

Montagne

Celui qui gravit les plus hautes montagnes se rit de toutes les tragédies, qu'elles soient réelles ou non. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Monter aussi haut que personne n'est monté, dans l'air pur des Alpes et des glaces, là où il n'y a ni brouillard ni nuages, où l'essence même des choses s'exprime d'une façon dure et rigide, mais avec une puissance irréfutable. (Schopenhauer éducateur)

Philosopher, comme je l'ai toujours enseigné et pratiqué jusqu'ici, c'est vivre volontairement sur la glace et les cimes. (Œuvres complètes)

Morale

C'est avec les Juifs que commence le soulèvement des esclaves dans la morale : ce soulèvement qui traîne à sa suite une histoire longue de vingt siècles et que nous perdons aujourd'hui de vue – parce qu'il a été victorieux. (La Généalogie de la morale)

La morale est aujourd'hui en Europe une morale de troupeau. (Par delà le bien et le mal)

Une morale d'esclaves est essentiellement une morale de l'utilité. (Par delà le bien et le mal)

La morale a toujours été un lit de Procuste. (Crépuscule des idoles)

La morale de l'oubli de soi est la morale de régression par excellence. (La Volonté de puissance)

Il faut anéantir la morale pour délivrer la vie. (La Volonté de puissance)

Mort (la)

Il n'y a pas de plus grande banalité que la mort. (Œuvres complètes)

La vie n'est qu'une variété de mort, et une variété très rare. (Le Gai savoir)

Mot(s)

Chaque mot est un préjugé. (Le Voyageur et son ombre)

Les mots et les sons ne sont-ils pas des arcs-en-ciel et des ponts illusoires jetés entre des choses à jamais séparées ? (Ainsi parlait Zarathoustra)

Mourir

Il en est beaucoup qui meurent trop tard, et quelques uns trop tôt. Le précepte qui dit : « Meurs à temps » nous est encore étranger. (Ainsi parlait Zarathoustra)

Sub specie aeterni – A : « Tu t'éloignes toujours davantage des vivants : bientôt ils vont te rayer de leurs listes ! » B : « C'est le seul moyen de bénéficier du privilège des morts. » A : « Quel privilège ? » B : «  Ne pas mourir. » (Le Gai savoir)

Il faut quitter la vie comme Ulysse quitta Nausicaa : avec plus de reconnaissance que d'amour. (Par delà le bien et le mal)

Mourir fièrement, quand il n'est plus possible de vivre avec fierté ! (Crépuscule des idoles)

Mouvement

Si ton œil était plus aigu, tu verrais tout en mouvement : comme le papier enflammé se déforme, toute chose se défait et se déforme. (Fragments posthumes)

Musique

La vie sans musique n'est qu'une erreur, une besogne éreintante, un exil. (Correspondance)

En définitive, nous sommes et resterons amis de la musique comme nous restons amis du clair de lune. Ni l'un ni l'autre ne veulent évincer le soleil – ils veulent seulement, autant que faire se peut, éclairer nos nuits. (Le Voyageur et son ombre)

La musique offre aux passions le moyen de jouir d'elles-mêmes. (Par delà le bien et le mal)

Je ne peux faire de différence entre les larmes et la musique. (Œuvres complètes)

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